L'Enfer du dimanche par Maqroll
Un des meilleurs films sur le sport jamais tourné. Oliver Stone réalise là son chef-d’œuvre à travers une épopée sur le football américain que l’on peut regarder et apprécier même si comme moi on ne comprend rien aux fondamentaux de ce jeu typiquement américain. Car c’est une satire de toute la société américaine qui est livrée ici, une société des jeux du cirque (la référence à Ben Hur est éclairante et renforcée par la présence au générique de Charlton Heston), des statistiques triomphantes, de l’argent, du profit, et avant tout de la jouissance, celle de gagner et de vivre… même et surtout pour du dérisoire, pour ce petit rien résumé à la toute fin par un Al Pacino égal à lui-même (c’est-à-dire géant) : ce qui est essentiel, encore plus que tout ce qui vient d’être énoncé, c’est le regard des autres posé sur celui qui détient les clés du jeu, ce quarterback héroïque et mythique qui dépend entièrement de l’assistance que vont lui porter ou non ses coéquipiers. Un film qui offre un raccourci saisissant du sport en tant que métonymie de la vie, à la mise en scène tellement inventive et nerveuse qu’elle ne nous laisse pas respirer une seconde et qui nous oblige à être actif, sous peine de sombrer sans espoir de retour dans ce tourbillon de chair humaine. Les seules réserves peuvent porter sur une utilisation un peu trop systématique de certains procédés techniques et sur le côté manichéen de la critique de certaines valeurs au profit d’autres qui tout bien pesé ne valent pas mieux… Mais il reste tout de même au total un très bon moment de cinéma.