L'Énigme du Chicago Express par Teklow13

A la contrainte d’unité de temps on ajoute une contrainte d’unité d’espace.
Et là encore Fleischer s’en sort à merveille.
Les films de train sont presque un genre en soit, et celui de Fleischer en est assurément un des fleurons. Grand film de mise en scène dans un lieu qui pourtant ne s’y prête guère. Le cinéaste redouble d’originalité et de trouvailles pour raconter ce convoi, celui d’un policier qui doit escorter la veuve d’un puissant gangster pour qu’elle puisse témoigner lors d’un procès, et qui sont traqués par la pègre. Et une fois encore, le scénario disparait très vite au profit de la mise en scène qui est l’unique moteur de l’histoire et l’unique narrateur, comme dans tout bon film de série B.
Filmer un train peut mener à du théâtre filmé, si l’on fuit les contraintes. Ici le cinéaste en joue pour justement faire avancer la narration, faire naitre le suspense, créer les rebondissements. Des couloirs trop étroits qui empêchent la circulation et qui freinent le mouvement. L’absence de mouvement venant se confronter au mouvement permanant du train. Un manque d’espace qui limite les possibilités de dissimulation. Une proximité avec les autres voyageurs qui stimule la rencontre et renforce le contact humain. Créer un danger en hors champ, qui est aussi le hors train. Jouer sur les reflets, les vitres, pour déplacer le regard. A ce titre la scène clé du film, regarder à l’extérieur pour mieux voir l’intérieur (l’inspecteur réussit à voir la femme séquestrée qui se situe dans le wagon voisin, car la scène se reflète dans la vitre d’un second train qui passe sur les autres rails) est géniale.