Vie et mort d'un gangster qui n'a jamais existé

Et encore une claque, une! Oui, une claque, parce qu'une fois de plus, la mise en scène semble dater de bien plus tard que la date de sortie de ce film! Les plans sont tellements dynamiques, et le montage n'offre que peu de répit. En voyant le film je ne pouvais m'empêcher de penser que ça devait dater de 1950! Et non! Non non non et non! Ca date de 1931! Si tôt! C'était il y a si longtemps! La photographie est un médium plus vieux que le cinéma, je peux donc comprendre qu'il y ait de si jolis plans, mais c'est vraiment dans les mouvements de caméra (sachant qu'à l'époque un travelling n'était pas simple à faire) et la façon d'alterner les plans, la façon de raconter une histoire à travers un enchaînement de plans que ça en jette. Donc oui, la photographie est belle, soignée, mais ce n'est pas ce qui me marque le plus.

Une autre qualité amenée par Wellman, c'est l'utilisation du Hors Champs. Wellman ne l'a pas inventé, évidemment, mais il l'utilise avec une telle intelligence! Tout ce qui fait aujourd'hui le film d'horreur ou le suspens, ou peu importe comment appeler ça, se trouve dans ce film. On ne voit rien, mais on comprend tout. Les scènes sont incroyables. L'absence de scènes démonstratrices permet au spectateur de décupler l'efficacité de l'instant car il peut tout s'imaginer ; c'est ce qu'on appelle l'ellipse. Le règlement de compte à la fin est magistral.

A ce point de ma critique, vous vous dites que je suis fou, n'est ce pas? Je parle quasiment de génie à propos de Wellman et pourtant... 6/10? Pourquoi? êtes vous en droit de vous demander...

La raison est simple. C'est la même qui me fait m'ennuyer devant un film de DePalma la plupart du temps: une histoire inexistante! La forme est parfaitement torchée, mais le fond, mes amis, le fond est pénible. Pour moi, une histoire n'est vraiment intéressante si cela se déroule dans un minimum de temps et de lieu. Ca renforce l'efficacité de la narration. Il y a des exceptions. Comme 'the searchers'. Hélas, j'aurais bien voulu ajouter L'ennemi public à cette catégorie qui se distingue. Mais ce n'est pas le cas. Il y a des scènes fortes, oh oui! La dernière, du cadavre de ce truand arrivé à bon port est la plus mémorable à mes yeux, mais le tout mis ensemble est décousu. On ne sent pas un fil conducteur précis qui vienne lier l'ensemble. Ce n'est jamais que 'la vie et la mort d'un truand'. Aussi vaste que cette phrase le laisse entendre. Il n'y a pas un objectif précis, pas un adversaire précis non plus, et donc pas de conflits précis. Juste des scènes. Des belles scènes avec des obstacles à franchir, mais dont on ne situe jamais vraiment les conséquences. Et surtout, des scènes qui manquent d'unité.

The Public Enemy possède un excellent enrobage, mais l'intérieur est un peu creux. Non pas que ce soit inintéressant d'aborder cette période de l'Amérique, mais que le traitement tombe complètement à plat.
Fatpooper
6
Écrit par

Créée

le 10 déc. 2012

Critique lue 477 fois

8 j'aime

7 commentaires

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 477 fois

8
7

D'autres avis sur L'Ennemi public

L'Ennemi public
Sergent_Pepper
7

Terreur sans pitié.

Avec le Scarface de Hawks, L’ennemi public fait partie de ces films dits du pré-code, c’est-à-dire crées avant l’arrivée du Code Hays en 1934 et dotés d’une grande liberté de ton. Alors que la...

le 15 janv. 2018

22 j'aime

L'Ennemi public
greenwich
9

L'ennemi public (1931)

Il s'agit d'un film noir, tourné en noir et blanc, racontant l'ascension et la chute de deux gangsters. Le scénario est inspiré de faits réels. Le film qui se déroule à Chicago, démarre en 1909 et on...

le 13 nov. 2014

12 j'aime

6

L'Ennemi public
Alligator
8

Critique de L'Ennemi public par Alligator

oct 2012: Wouah! Ce qui frappe avant tout, c'est la qualité de la mise en scène de William A. Wellman. Le premier plan-séquence du film met la barre très haut. Celui qui permet de la maintenir à...

le 20 avr. 2013

9 j'aime

2

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

121 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

108 j'aime

55