Un Oshima qui me laisse en grande partie sur ma faim. Longtemps le film cumule les portraits, les illustrations de la décadence humaine, les tares approchant puis dépassant les limites de l'inacceptable. Oshima jette pêle mêle toutes les violences, les trahisons, qu'un être humain puisse infliger aux autres ainsi qu'à lui même. Il y a là un aspect récitatif, bien trop sage à mon goût. Comme un travail d'écolier, le cinéaste donne l'impression d'avoir collé bout à bout tous les éléments qu'il a pu pointer sur une liste. Rien n'y échappe, l'adultère et l'alcoolisme étant les moindres. Du viol au pillage de cadavre, tout ce qu'il y a de plus ignoble dans la nature humaine est décrit à un moment ou un autre. A tel point que l'on pourrait facilement proposer ce film pour représenter la violence à l'écran.

Je suppose que le cinéaste a voulu montrer par là l'horrible état dans lequel la jeunesse s'est retrouvée à la sortie de la guerre, confrontée à l'anéantissement des illusions nationalistes (le personnage du belliciste martèle sans cesse son obsession revancharde et paranoïaque promettant le passé et l'illusion, se trompant d'avenir). D'avenir il semble qu'il n'y en ai plus. C'est le film de la violence et du désespoir les plus complets. Et pire que tout, c'est sur la jeunesse démunie (dans tous les sens du terme) que la caméra d'Oshima décortique, ses espoirs fous, sa désillusion douloureuse, surtout les conséquences : sa perte de repères (Takeshi balloté monstrueusement entre son amour pour Hanako et sa fidélité masochiste à Shin).

Je ne pense pas que ce soit la brutalité du nihilisme d'Oshima qui m'a un peu ennuyé, mais plutôt sa sécheresse, née de l'accumulation. Peut-être aussi sent-on que le cinéaste jusqu'au boutiste, ne donne pas une seule chance, une seule note d'espoir, dénotant une sorte d'intransigeance que je n'étais pas prêt à entendre. C'est sans doute plus une question d'humeur qu'autre chose.

N'empêche que c'est bien filmé, c'est à dire que le cadre et les mouvements de caméra font sens, la photo est assez sage.
Alligator
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le 21 févr. 2013

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