Même si la tentation est grande, prière de ne pas comparer L'envolée, le premier long-métrage de l'écossaise Eva Riley, avec les films de Ken Loach ou des frères Dardenne. Et encore moins avec le Fish Tank d'Andrea Arnold, au niveau difficilement atteignable. Eva Riley, résidente de Brighton, a eu la bonne idée de localiser son film dans les faubourgs de sa ville d'adoption, ce qui change agréablement de la grisaille londonienne ou mancunienne. De là à parler d’œuvre solaire, il y a un pas qu'on ne franchira pas mais L'envolée réussit à évoquer de manière juste les difficultés sociales dans un récit d'apprentissage, lequel n'est peut-être pas d'une originalité folle mais suffisamment dynamique pour qu'on oublie que son scénario manque certainement d'ampleur et délaisse presque totalement les personnages secondaires (le père) qui recélaient pourtant de belles potentialités narratives. Le portrait sensible de son héroïne, Leigh, gymnaste douée (excellente débutante Frankie Fox) et sa relation avec un demi-frère apprenti voyou, constituent la moelle épinière du film. Les scènes de sport symbolisent à merveille aussi bien la position sociale de Leigh que son état d'adolescente à la recherche d'équilibre, tantôt euphorique dans ses exercices, tantôt proche de la renonciation. Pas question en tous cas pour Eva Riley de nous emporter dans un parcours à la Billt Elliot, son but est bien tout autre. L'alchimie entre Leigh et son frère fraîchement débarqué fonctionne parfaitement et suscite la sympathie pour un film qui se revendique modeste mais n'en a pas moins une énergie et un allant communicatifs. Car si le salto vers l'inconnu est périlleux pour Leigh, il est aussi plein d'espoir et d'excitation et cela, L'envolée le retranscrit joliment.