L’histoire prend place dans le japon tourmenté du bakumatsu (1853-1868) et nous raconte les aventures de Jiro, un jeune et vigoureux garçon dont la vie sera cadencée par moult rebondissements. Jiro est un Aïnu. Vous savez ces autochtones d’ascendance russo-mongol qui peuplaient l’archipel bien avant l’arrivée des japonais. De nos jours les Aïnus ont quasiment disparu du pays après un nettoyage ethnique en règle. Le reliquat de cette civilisation se retrouve cantonné dans des «réserves» (sale mot pour parler du genre humain) un peu à la manière des indiens d’Amérique avec lesquels au demeurant nous pourrions très facilement faire un parallèle vous comprendrez pourquoi après visionnage.
Rintaro est un maitre dans son art et il le prouve encore une fois avec La Dague de Kamui. Une magnifique fresque sur les thèmes couplés du voyage et de la vengeance. Ici le spectateur est gratifié d’un film a la mise en scène parfaite ou les plans sont mis en valeurs avec adresse et originalité. Plus que magnifiques, les décors sont d’une beauté bouleversante et dramatique, c'est précisément vrai en termes d’environnements naturels (forêt, rivière, montagne, etc..). J’ai en tête le passage de l’avalanche de neige qui vient fondre sur les héros en milieu de métrage ou encore les nombreuses séquences contemplatives qui privilégient des plans d’ensembles. Le tout jaillit à l’écran avec éclat notamment grâce à un dosage de couleurs minutieusement choisi et une photographie d’orfèvre.
Si Kamui fonctionne, c’est aussi grâce à une animation de qualité et un scénario à la hauteur. Scénario classique, sobre, mais efficace avec son lot de péripéties qui permettent de donner du poids aux révélations qui ponctuent l’intrigue et faisant intervenir au passage une poignée de personnages ayants réellement existés (j'en dénombre au moins quatre). Avec comme toile de fond la révolution japonaise et les guerres qu’elle entraine – partisans de l’empereur contre fidèles du Shogun – avec bien entendu les occidentaux (ici les français) qui s’en mêlent. En résumé les calculs politiques des uns et convictions personnelles des autres s’entrechoqueront dans cet engrenage décisif pour l’avenir du japon qu’est la restauration Meiji. L’animation je l’ai dit est bien digne de ce qu’on attend d’un titre avec Rintaro à sa tête et c’est Yasuomi Umetsu (champion de l’animé d’action, voir a-Kite ou Mezzo Forte pour s’en convaincre) qui déjà en 85 prouvait qu’il était bourré de talent. C’est propre c’est fluide, rapide et explosif… Tout ce qu’on attend quand il est question de ninjas qui se mettent sur la tronche!
A cela s’ajoute une galerie de personnages vaste et hétérogène mais c’est là où j’émettrais le seul bémol du film : Sam.
Ce noir américain ultra caricatural dépeint comme bien simplet par rapport aux autres protagonistes vient casser un peu cette image d’universalisme idyllique et c’est gênant. Quand on dit que les clichés racistes ont la peau dure c’est encore plus vrai lorsqu’il s’agit de long métrage japonais…
Ceci dit La dague de Kamui malgré son age reste un super film d’animation qui se regarde aujourd’hui sans que cela ne se remarque, la raison en est qu’il réussit haut la main sont challenge et va même au-delà de ses ambitions en proposant bien plus qu’un simple animé de combats de ninjas. Pour ca MadHouse s’en chargera quelques années plus tard avec Ninja Scroll !
PS : Ne pas hésiter a le voir en VF, elle est globalement excellente.