Conan le barbare en 1982 lança une vogue d'heroic fantasy à l'écran, on vit donc plusieurs aventures médiévalo-fantaisistes comme Dar l'invincible, Krull, le Dragon du lac de feu, Willow ou encore l'Archer et la sorcière (TV-film exploité en salles pour l'Europe) qui fut d'ailleurs souvent confondu avec cette Epée sauvage à cause de son titre original (The Sword and the sorcerer), premier film du réalisateur hawaïen Albert Pyun qui commettra plus tard une série Z imaginative avec JC Van Damme, Cyborg. En Italie, le genre fantasy sera dans les années 80 une véritable manne avec des séries Z souvent grotesques et archi fauchées comme Ator l'invincible, Iron master la guerre du fer, Sangraal ou Thor le guerrier qui emploieront de faux Schwarzenegger bodybuildés qui ne savent pas jouer ni se battre à l'épée...
L'Epée sauvage est un vrai récit de "sword and sorcery" appartenant à la catégorie des budgets modestes en exploitant le goût du public pour l'épopée héroïque et l'aventure merveilleuse, mais le truc c'est qu'on ne voit pas trop son côté modeste, Albert Pyun faisant preuve d'une dose imaginative et de pas mal de savoir-faire, malgré un scénario ultra classique dans ce genre, puisqu'il est question d'un petit royaume asservi par un tyran assoiffé de pouvoir qui fait appel à un sorcier antique aux pouvoirs puissants, et qui tue le bon roi débonnaire, mais le preux héros qui a réussi à récupérer la fameuse épée, symbole de pouvoir, est là pour libérer son peuple.
Le casting se compose d'abonnés à la série B : Richard Lynch incarne le méchant, il endossait souvent ce type de rôle à l'époque, il est secondé par George Maharis (rendu célèbre par la série Route 66), Robert Tessier, Joe Regalbuto, Simon MacCorkindale, Richard Moll, Kathleen Beller (qui rejoindra ensuite le cast du soap Dynasty), et Lee Horsley en héros intrépide qui s'est fait connaître par la série Matt Houston. Les maquillages et Fx sont contrairement à l'idée reçue, pas trop pourris, plusieurs plans utilisent des stock-shots, les décors sont filmés de près avec une image sombre le plus souvent, la photo usant de beaucoup de filtres, mais elle est soignée, et les costumes ont le charme kitsch en ne donnant pas l'illusion du film merdique et fauché.
Il y a des donjons, des douves, des souterrains crades, plusieurs rebondissements et scènes d'action en faisant intervenir de vaillants guerriers, un sorcier maléfique, un tyran cruel, une princesse captive et un héros casse-cou... on y voit même un peu de gore et un érotisme discret, le réalisateur remplit tant bien que mal le cahier des charges du cinéma d'exploitation des années 80. Seule la fameuse épée à 3 lames dont 2 qui peuvent être propulsées, semble un peu ridicule, même en 1982 quand j'avais vu le film en salles, ça me faisait sourire, c'est le seul petit détail qui vous foutrait tout par terre.
Mais malgré ça et quelques naïvetés, le plaisir vient de son aspect sous-Conan, du charme de son carton-pâte, du système D et du bricolage, les scènes s'enchainent portées par le rythme et l'action, et le film qui a bénéficié d'un budget de 2 millions de dollars, en rapportera 40 millions, il a donc récolté un beau succès, même si aujourd'hui il est injustement mésestimé et moqué. Au final, moi je préfère me détendre avec ce genre de petites productions qui ne paient pas de mine, car on ne s'ennuie pas un seul instant, c'est un très plaisant film de fantasy qui multiplie les combats et les cavalcades avec une certaine invention, car c'est souvent dans ces supposés "petits films" que le souffle de l'aventure est le plus sincère.