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A l’heure où j’écris ces lignes, Albert Pyun vient juste de nous quitter. Et qui nous suit depuis un moment sait que je porte à ce réalisateur une tendresse particulière, grâce à une filmographie certes chaotique mais non dénuée d’intérêt tant le bonhomme a du talent, malheureusement souvent gâché. Alors pour lui rendre hommage à ma manière, j’ai décidé de parler de son premier film, The Sword and the Sorcerer, L’Épée Sauvage. Certains s’accordent à dire qu’il s’agit d’un des meilleurs Conan lowcost qui ont vu le jour après le succès du film de John Milius. C’est vrai. Sauf qu’on ne peut pas réellement parler de film surfant sur la vague Conan étant donné que L’Épée Sauvage est sorti en salles 15 jours avant. Son succès au box-office (40 millions de dollars récoltés pour à peine 2M de budget) est sans doute lié à celui de Conan, ce qui a dû amener le public à aller le voir, mais le film de Pyun s’est donc fait « tout seul », sans modèle à repomper presque scène par scène comme l’ont fait certains. Bref, on va parler aujourd’hui du film par lequel tout a commencé.


Nous n’allons pas reparler de comment Albert Pyun en est venu au cinéma, je vous renvoie à la news que nous avons consacrée à son décès. Attardons-nous sur L’Épée Sauvage, qui pourrait être défini comme un croisement entre Conan, Indiana Jones, et les films de cape et d’épée des années 40/50/60, qui ne se prend pas réellement au sérieux en injectant une petite dose d’humour, aussi bien dans les dialogues que dans des gags. Le film possède une énergie et une verve qui arrivent à compenser certaines lacunes. Oui, il y a des défauts, et pas qu’un peu, mais il reste une aventure très agréable pour quiconque apprécie ce que les américains qualifient de « cheesy movies ». Oui, c’est vrai, les scènes d’action, particulièrement les combats, ont un côté un peu chaotique, avec des chorégraphies pas folichonnes et des combattants qui font parfois un peu n’importe quoi. Oui, l’histoire est déjà vue, revue et archi revue, avec ce jeune garçon qui, une fois adulte, cherche à se venger de l’homme qui a tué sa famille et qui cherche à prendre la place de son père en tant que roi. Oui, ce n’est jamais subtil (ça ne cherche pas à l’être) et ça vire dans le n’importe quoi comme lorsque le héros Talon, alors crucifié, parvient à retirer ses mains du pieux et, comme si de rien n’était, va se mettre à découper tout le monde. Même Conan n’y est pas arrivé ! Mais L’Épée Sauvage est tellement vif et énergique, avec un rythme soutenu, qu’on le suit avec un réel entrain car Pyun va aller à l’essentiel pour fournir au spectateur sa dose de divertissement fun et pas prise de tête. Et puis la fameuse épée triple lame, capable de lancer deux de ses lames comme des carreaux d’arbalète ou encore de casser d’autres armes par sa solidité, vaut à elle seule le déplacement (bien qu’on ne la voie pas suffisamment) pour qui aime la fantasy.


Le travail de Pyun est convaincant, surtout pour un premier film. Il essaie d’insuffler de l’épique à son film malgré le très faible budget et, bien qu’on ne soit pas au niveau d’un Conan, ça fonctionne. Les décors sont crédibles, certes pas grandioses, et Pyun sait composer ses plans comme il le faut afin que l’ensemble ne fasse pas trop kitch. Les effets spéciaux de Greg Cannom (Dracula, Cocoon, Mme Doubtfire) tiennent encore bien la route grâce à la magie des animatronics (le mur de visages) ; les maquillages sont réussis et Pyun laisse déjà sortir son imagination débordante. L’Épée Sauvage se permet pas mal de débordements gores, parfois furtifs (le visage tranché en deux) pour les amateurs du genre et le film n’est clairement pas destiné aux enfants comme le prouvent les différents plans boobs de la deuxième moitié du film. Le score réussi, bien que parfois décalé, renforce le côté épique de certaines scènes, très cape et épée dans l’âme. Le casting s’en sort également très bien. Lee Horsey fait le job en guise de héros « cool », hybride de Han Solo et Conan ; Kathleen Beller constitue une belle attraction pour les yeux ; Richard Lynch, bien que dans le cliché du méchant très méchant dans son jeu (vive le cabotinage), explose tout par son charisme particulier, même avec sa magnifique coupe permanentée. Alors nous sommes d’accord, L’Épée Sauvage s’apprécie bien plus si vous avez un faible pour des films tels que Barbarians de Ruggero Deodata ou Deathstalker de James Sbardellati, mais force est de constater qu’il a ce charme fou de ces séries B qui sortaient à la pelle dans les années 80 (nostalgie quand tu nous tiens).


Sept ans avant Cyborg avec Jean Claude Van Damme qui le fit connaitre un peu partout à travers le monde, Albert Pyun signait avec L’Épée Sauvage un premier film plein d’énergie, certes aujourd’hui un peu ringard mais néanmoins des plus plaisants.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-lepee-sauvage-de-albert-pyun-1982/

cherycok
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le 23 janv. 2023

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