Une cellule djihadiste prépare un attentat à la bombe atomique devant avoir lieu à Paris.Surfant sur les attaques d'Al Qaïda du 11 septembre 2001,le concepteur et producteur de jeux vidéo Jean-Martial Lefranc a produit,écrit et réalisé ce film de politique-fiction.Au début,on est interloqué devant cet OVNI cinématographique prenant la forme d'un found footage.Adoptant l'esthétique du reportage ou du documentaire,le réalisateur ne montre que des images vues à travers le prisme de caméras DV ou d'écrans d'ordinateurs,entrecoupées d'extraits d'archives.On se balade des USA au Pakistan en passant par la France,l'Allemagne,l'Angleterre ou la Hollande,mais on ne filme que des plans fixes sur des personnages qui parlent face caméra,généralement en intérieur,ce qui au vu de l'aspect ultra-fauché de l'ensemble donne vite l'impression que tout a été shooté à Noisy-le -Sec.Tout cela est confus,déroutant,ennuyeux et assez déplaisant à regarder.Mais bizarrement,à mesure que les pièces du puzzle se mettent en place et que les enjeux apparaissent,on découvre une histoire réaliste au propos très intelligent.Lefranc prend totalement le contrepied du cinéma américain et fait un film résolument anti-hollywoodien.Il est clair que sur un sujet pareil,les ricains auraient fabriqué un gros blockbuster.On serait vraiment allé filmer partout dans le monde,on aurait créé un agent secret imbattable joué par Matt Damon ou Tom Cruise,il y aurait eu plein de poursuites,de bagarres et de gunfights,et le héros aurait désamorcé la bombe au dernier moment,sauvant ainsi le Monde Libre.Rien de tout ça ici,le manque de budget étant contourné par un traitement extrêmement vériste nettement plus proche de la réalité.Le film montre ce qui pourrait arriver,et comment ça pourrait arriver.La description des équilibres mondiaux est très fouillée et implique des jeunes de banlieue,des agents de la CIA et de la NSA,des policiers français,un traître gauchiste américain et des membres des services secrets pakistanais.Tout ce petit monde joue sa partition et le dessous des cartes est révélé.Il est démontré notamment que l'Islam est plus un prétexte à la guerre qu'un engagement religieux et que le combat est surtout celui des pauvres contre les riches.Les prêcheurs du Djihad se servent de la religion pour fanatiser leurs troupes,leur donner un idéal propre à les inciter au sacrifice,mais la haine de l'Occident est celle du dominé pour le dominant.D'ailleurs,les soldats islamiques sont de diverses natures,du jeune qui cherche à échapper à la délinquance et à la drogue jusqu'au radical convaincu,avec au milieu les complices dévoués qui ne veulent cependant pas y laisser leur peau.Les services secrets américains et pakistanais se livrent quant à eux à un pas de deux vicieux et mortifère.Les ricains,ces éternels cow-boys de l'Empire,se croient en terrain conquis et pensent manipuler tout le monde parce qu'ils peuvent faire et défaire les pouvoirs politiques,sans se rendre compte que les pakis,plus proches des islamistes que des occidentaux,jouent double jeu derrière leur dos.Dans cet univers opaque et hautement inflammable,tout peut arriver,y compris le "vol" d'ogives nucléaires qui disparaissent mystérieusement des stocks pakistanais et la fourniture par un physicien américain d'extrême-gauche d'uranium militaire à un groupe terroriste.Et comme les relations diplomatiques entre les USA et la France sont tendues,les services d'Outre-Atlantique préviennent un peu tard la flicaille hexagonale.Il est à noter que tout est présenté de manière factuelle,sans aucun parti-pris.Chacun a ses raisons d'agir et personne n'est jugé,tous croient mener un combat juste ou au moins utile.Le film va se clore sans happy-end et sur un twist aussi bien amené qu'inattendu.Les acteurs sont inconnus mais tiennent parfaitement leurs rôles,Alexandre Abou-Slaïbi et Antoine Michel étant particulièrement bons.Deux visages un peu familier toutefois avec Roger Mirmont,petite vedette des années 70,et Sandrine Leberre,actrice habituée des films d'Eric Assous.