[Article contenant des spoils]
Si vous aimez les mélos et ne craignez pas les clichés du genre, peut-être serez-vous sensible à cet Équipier. Pour ma part, je l’ai vu se fracasser contre mon esprit critique comme les vagues contre le phare du film.
Le trait est forcé à souhait : Yvon, le Breton taiseux et rude, qui va jusqu’à ne pas répondre à un « bonjour » tout de même, qui bien sûr se révélera avoir un cœur d’or ; le bel étranger tout de douceur et de patience, qui charme immédiatement toute la gent féminine de l’île ; la méfiance généralisée envers l’étranger, que l’on va chercher à bouter hors de l’île dès que possible (et si on s’y refuse, c’est qu’on n’est pas breton quoi !) ; les regards appuyés entre Antoine et Mabé, « qui en disent long »... qui n’existent qu’au cinéma ; la passion que l’on cherche à réprimer, en étant agressif envers l’autre ou en déménageant, mais rien à faire, c’est elle la plus forte !.... ; et quand la passion, trop longtemps contenue, éclate, lors d’un feu d’artifice, il faut faire l’amour sur le lieu du bal car c’est urgent comme une envie de pisser (la femme atteint bien sûr l’orgasme en quelques secondes, dans la position la plus inconfortable qui soit : le cinéma on vous dit) ; l’accordéon, qu’on retrouvera, bien sûr sur l’étagère de la maison 30 ans plus tard...
Bien sûr, il suffira d’un rapport pour que Mabé tombe enceinte. Tout cela est tellement classique (c’est Remorque en pas bien), que ma compagne m’a raconté la totalité du film avant qu’il commence. Si la façon de raconter l’histoire était passionnante, ce ne serait pas tellement un problème. Là, je n’ai cessé de lever les yeux au ciel et de soupirer, malheureusement pas de bonheur comme nos protagonistes lors de la consommation de l’acte. Très peu de beaux plans à se mettre sous la dent, hormis les images de déferlantes sur le phare, qui, ici, donnent l’impression d’en rajouter dans le cliché.
Notons pour finir que la main invalide change de côté pendant la promenade : elle devient la main droite. Magie de l’amour !
Une très petite et banale chose que cet Équipier. Welcome était plus réussi. A l’avenir, se méfier de Philippe Lioret.