Il existe des films dont on attend à la base vraiment pas grand-chose si ce n’est de gentiment nous divertir durant la torpeur estivale ou de nous rafraîchir agréablement durant la canicule, si possible en nous donnant le sourire et sans que l’on regarde notre montre. A première vue, « L’espion qui m’a larguée » faisait partie de ceux-là. On n’en attendait pas spécialement grand-chose et il était plus probable d’être consterné par un humour lourd typiquement américain et gras dans un film raté qui tire à vue plutôt que de contempler un chef-d’œuvre. Attention, ne nous emportons pas, ce long-métrage n’en est pas un et il ne risque pas de marquer l’histoire du septième art mais, contre toute attente, c’est certainement le film le plus fun de cet été 2018. Près de de deux heures de plaisir et de détente délicieuse d’où quasiment rien ne cloche. Pour son premier film, l’inconnue Susanna Fogel nous concocte une comédie d’action aussi réussie que le « Spy » avec Melissa McCarthy il y a deux ans.
On est beaucoup moins dans la parodie d’espionnage comme « Johnny English » ou « Max la menace » ce qui permet au long-métrage de prendre ses distances avec les références et les clins d’œil et de trouver sa propre voie. Alors bien sûr il y a tout de même beaucoup d’invraisemblances, certaines parfois énormes notamment au début, mais on est dans le domaine de l’humour alors ça passe beaucoup mieux que si on était dans n’importe quel « James Bond » ou « Jason Bourne ». Et il faut avouer que l’intrigue n’est que secondaire (tout le monde veut se procurer une clé USB d’un groupe terroriste permettant de hacker tout l’Internet) et pas toujours très claire. Mais qu’importe puisque le reste fonctionne à plein régime et ne nous laisse pas une seconde de répit. Et en premier lieu, on applaudit le casting vraiment parfait de « L’espion qui m’a larguée ». L’alchimie entre les deux têtes d’affiches Mila Kunis et Kate McKinnon est évidente. Ces deux là confirment leur tempérament comique indéniable. La première après « Bad Moms » est toujours aussi sexy et drôle quand la seconde nous fait exploser de rire avec une personnalité unique héritée du stand-up. Une tornade de rire à l’égal de Melissa McCarthy citée plus haut.
Mais, et c’est beaucoup plus rare, les seconds rôles ne sont pas en reste. Entre ces messieurs Justin Théroux et le nouveau venu Sam Heughan, contrepoids sexy et sérieux parfaits à ces dames, Gillian Anderson, véritablement faite pour ce rôle de directrice des services secrets, ou encore des rôles plus petits, ils sont tous irréprochables. Un casting homogène et motivé qui prend plaisir à nous faire plaisir. De plus, ce petit tour d’Europe est dépaysant et on ne sait jamais ce qui va arriver à nos héroïnes. Ce qui est encore plus étonnant, c’est que dans ce genre de production, les scènes d’action sont quelque peu négligées. Et bien dans « L’espion qui m’a larguée » ce n’est pas du tout le cas. Impeccablement filmées et chorégraphiées, elles s’avèrent même parfois impressionnantes. Que ce soit la fusillade dans le restaurant à Vienne ou la course-poursuite à Prague, il n’y a rien à redire. Et le morceau de bravoure du film, un combat dans les airs entre Kate McKinnon et une tueuse à gages russe, est tout autant à mourir de rire qu’il donne le vertige. On ne s’ennuie pas une seconde, on rit souvent et on s’accroche à ces deux là lorsqu’elles sont en danger. On n’en attendait vraiment pas tant ! C’est la bonne surprise sans prise de tête de l’été, réalisée avec soin et ne prenant pas les spectateurs pour des idiots. La fin laisse présager une suite si le film fonctionne (ce qui est moins sûr) et bien on en redemande volontiers si ça reste de cet acabit.
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