C'est l'exemple même du film d'espionnage froid et calculateur, à cent lieues de James Bond, qui décrit un univers sec, presque déshumanisé et d'où les gadgets fantaisistes sont exclus. Le réalisateur respecte ces règles établies par le roman exemplaire de John Le Carré, en imposant notamment une photo en noir & blanc semi-documentaire marquée par la pluie et le froid berlinois (en vérité, le tournage eut lieu à Dublin). Cette histoire d'agent broyé et manipulé par un système n'avait donc rien de séduisant pour attirer un public plus habitué au bric-à-brac bondien, on adhère ou pas au concept, moi j'avoue que je suis un peu entre les deux. Le film n'eut d'ailleurs que peu de succès à sa sortie, en dépit de la formidable prestation de Richard Burton qui campe un Alec Leamas fébrile et usé, et qui fut nommé à l'Oscar, c'est aujourd'hui surtout ce qu'on retient du film qui réussit quand même à retranscrire l'univers du romancier, il est très instructif pour découvrir un autre visage de l'espionnage, le vrai, besogneux et sans artifices, celui de la guerre froide.