A vouloir être à la fois drôle, philosophe et sentimental, on en devient souvent consternant, ridicule et pénible. Surtout quand, de base, on ne pèse pas par son génie d’écriture...
Grosso modo, c’est l’histoire d’un film qui se prend les pieds dans le tapis et qui entraîne dans sa vautre la totalité d’un casting, pourtant prestigieux au départ.
Bon, pour faire court, le ressort scénaristique principal est celui d’un fils complètement consommé par son travail d’écrivain à succès (ça fleure déjà bon la déconnexion bourgeoise très très glissante), qui du coup en oublie son père, sa mère, ses frères z’et ses sœurs. En somme, le type est un gros con égoïste, une sorte de symptôme disgracieux de notre monde moderne. Mais voilà, quand son père va passer l’arme à gauche, il se rappelle brutalement qu’il avait justement un papa, un fils, un frère (très con lui aussi), une mère (nous y reviendrons) et une belle-sœur.
Bon.
Mais le truc c’est que, depuis sa mort, il a sans cesse des dialogues avec son défunt père. Des apparitions quoi. Mais lui ça le gêne parce que, nous le disions supra, il est con et égoïste.
Oui mais voilà, et c’est là où c’est fortiche, c’est que ça va lui rendre son humanité.
Voilà. Ça c'était le synopsis.
Passons à la découpe. Alors déjà la ficelle du dialogue avec un fantôme, c’est très éculé. Et ça rouille très vite. On a du mal à s’y mettre. Ensuite, bah c’est toujours un peu le même constat en terme de films français, c’est bobo que t’en peux plus! Je recapitule; le type est donc écrivain, comme d’hab sa famille a volé en éclat au profit de son boulot, il vit dans une maison à trois millions d’euros dans le golfe du Morbihan (ah là par contre je le reconnais, un gros point positif pour les paysages: absolument somptueux), ça sent le fric partout, ça suinte même, mais comme d’hab ils ont quand même des dettes et donc c’est la cata. Mais ils s’en sortent très vite, en prenant sur la thune du frère qui a géré miraculeusement le transfert d’un footeux ultra-friqué (!) Oui parce que le frère est manager de footballeur. Mais il respire pas le bonheur lui non plus, oscillant entre vulgarité pénible et grossièreté insupportable.
La famille est insupportable, tout le monde s’aboie dessus en permanence. Tu passes ton film à te demander pourquoi ils ne foutent pas le camp à l’autre bout du globe. Tout le monde est triste, égocentré, ressassant des problèmes de privilégiés. Problèmes que nous autres, le commun des mortels beaufique que le cinéma français a remisé au grenier depuis un demi-siècle, ne pouvons bien évidemment pas comprendre.
Les personnages sont mal écrits, les situations déjà connues et prévisibles, tout tombe à plat. Parfois de l’humour, mais pas marrant; parfois de l’émotion, mais risible; parfois de la philosophie, mais là aussi risible.
Bref, ça rate tous les virages, et ça se tape systématiquement tous les platanes.
A la fin, tu es rincé, suppliant qu’il y ait une fin à ce Golgotha.
Mais non! Reste le climax!
Et c'est une scène grotesque de post-it virevoltants, avec au milieu un Berléand abscons et illuminé, se demandant sans doutes ce qu’il est venu foutre dans une pareille galère. Elle est symbolique de tout ce film; une parodie de chef d’œuvre, tout juste bonne à faire vibrer le public snobinard des Césars.
Et attends! Attends! C’est pas fini! Parce que là-dessus tu poses une Josiane (Balasko) aboyante, qui joue la maman en robe de chambre, yeux mi-clos, ton vulgos, et tu décroches la timbale!
Un film plat. Sans profondeur. Sans rien. Un abysse.
Pire: une ruse du démon.