Bourvrier
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le 17 avr. 2023
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Alors deux notes préalables. D'abord, j'ai raté les 20 premières minutes du film, donc mon premier visionnage est incomplet. J'ai décidé d'écrire une critique quand même, ayant prévu de le revoir, et je modifierai ensuite ma critique si nécessaire.
Deuxième remarque, j'aime bien les films qui montrent la dure condition des opprimé⋅es qui gagnent au passage l'élan de se soulever. C'est un de mes petits faibles, ça m'émeut, ça me touche, c'est comme ça, du coup je suis biaisé par cette subjectivité.
Voilà, il n'y a plus de secret entre nous, donc j'y vais.
Alors évidemment le premier point fort de la série c'est l'histoire (je n'ai pas lu le livre qui a inspiré le film) et l'interprétation des personnages. On pense tout de suite aux films de Stéphane Brizé ou bien ceux de Ken Loach. C'est un film très humain, qui nous montre des humains dans une situation très humaine. C'est touchant parce qu'il y a quelque chose de très réaliste et donc de très sombre dans cette représentation du travail à l'usine et de l'injustice qui peut et a pu y régner. J'ai tout de suite pensé à Surveiller et punir de Foucault, qui est un ouvrage qui montre très bien à quel point la discipline s'ancre dans le corps. Je pense notamment à cette scène très touchante de l'ouvrière qui s'effondre à la tâche, exécutante comme un robot, elle qui incarne dans son corps même la santé actuelle de l'entreprise, qui devient incapable de poursuivre son travail parce que son lieu de travail est perturbé, et sa routine est perturbée, comme si un équilibre avait été brisé dans son corps même, une perturbation de son homéostasie à l'image de la perturbation de la routine d'entreprise.
J'ai aussi beaucoup pensé au film Ressources humaines, dont mes souvenirs sont flous car je l'ai vu il y a longtemps, mais je sais qu'il m'avait beaucoup marqué à l'époque, en particulier dans cette rencontre entre le monde intellectuel ou universitaire et le monde ouvrier, quand celui qui sait mais n'a pas à faire, ressent dans sa chair la souffrance de celles et ceux qui ne savent pas et doivent faire. Et à quel point ça peut changer un homme, ou une femme, parce qu'une de nos qualités d'être humains c'est de pouvoir être pris d'empathie, être touchés par nos semblables qui souffrent, à condition d'avoir eu, peut-être, comme l'évoque le film, un événement ou une rencontre, dans sa vie, qui nous fasse porter le regard sur les injustices du monde.
Le film est cadré de multiples plans séquence qui donnent de la vie au film et nous immergent, avec le choix d'une couleur assez terne, sombre, qui fait ressentir l'aspect concentrationnaire de ces broyeurs d'humains que sont ces usines.
Les actrices et acteurs donnent un caractère très réaliste et touchant aux personnages, et on saluera cette distribution peu connue (en tout cas de moi) mais à l'interprétation impeccable.
En résumé, c'est un bon film qui parle d'un sujet très important. On parle souvent du devoir de mémoire pour des périodes affreuses de notre histoire qui sont déjà plus ou moins révolues, je crois qu'il est tout aussi important d'avoir un devoir de mémoire pour ces événements là aussi, qui touchent au quotidien, et qui restent le quotidien de millions de gens, encore aujourd'hui. Cette violence de tous les jours, qui détruisent des corps, détruisent des vies, et surtout détruisent des âmes.
Barème des notes sur mon profil.
Créée
le 10 mars 2023
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