Ho ! Ho ! Quelle provocation, ce Mocky ! Bon, maintenant, tout cela parait bien loin. Mais le parfum de retour à l'ordre moral ayant quelque odeur de revenez-y ces derniers temps, il peut être jouissif de revoir des Mocky ces espèces de coups de pieds dans la fourmilière de la pudibonderie.
Même si j'ai comme le sentiment que le rythme est moins enlevé, que le scénario est moins porteur, moins efficace. Peut-être aussi que le couple Mocky/Bourvil s'efface. Faudrait que je le revois.
Ben je l'ai revu. Dans une copie dvd superbe rendant hommage aux couleurs pastels qui ensoleillent la pellicule aidée en cela par les décors catalans.
L'accompagnement musical de François de Roubaix est pour beaucoup dans la tonalité douce et naïve du film, comme bien souvent chez Mocky.
Quel plaisir enfantin de retrouver ces petites frasques puériles ou cartoonesques en arrière plan de l'action, ou les petits clins d'oeil anecdotiques qui se glissent malicieusement dans la trame principale. Du Mocky tout craché.
La pénétration de Bourvil est touchante quand on sait qu'il était déjà à l'article de la mort, bouffé par le crabe et perclus de douleurs qui ne parvinrent pas à le départir de sa délicatesse et de son style rêveur (propre à la plupart de ses rôles chez Mocky, de doux philanthropes extravagants autant qu'utopistes).
Toujours aussi peu pointilleux sur la forme, Mocky ne s'embarrasse pas de si futiles détails formels que par ex... le bras d'un technicien qui retient une statue en plein champ... héhé... sacré Mocky, amateur je m'en foutiste!
Le phrasé si étrange que prennent les comédiens dirigés par ce metteur en scène aléatoire donne encore une fois un style très particulier que d'aucun jugeront dilletante voire maladroit mais qui n'émane que d'un sens très lache des priorités. La valeur du cinéma de Mocky n'est pas là, loin de là. C'est un ciné à part. A nul autre pareil.
Sur celui-là, un point pour Francis Blanche, en belle forme. Et à noter l'apparition pince sans rire de Michael Lonsdale.