A travers ce film, qui parle en substance de la libération sexuelle post-68, Jean-Pierre Mocky évoque le droit des femmes de jouir de leur corps comme bon leur semble. Certes, c'est pas léger léger, mais il y a quelque chose de courant à cette époque, où les maris délaissent leurs épouses pour s'adonner à d'autres loisirs, mais pas celui de la chair. C'est pour cela qu'un vétérinaire, joué par Bourvil, va essayer de recruter un étalon (pas un cheval) afin de satisfaire ces dames.
Le propos est très intéressant, rarement évoqué dans le cinéma français, la frustration sexuelle des femmes, mais encore faut-il que ça soit à la hauteur à l'écran, car le résultat est pas loin d'être catastrophique. Parce que les acteurs en font des giga-tonnes dans le cabotinage, en particulier Francis Blanche, qu'on verra même courir à poil, qui ne sont pas très bien dirigés, avec une mise en scène qui ne semble même pas cacher des artifices grossiers comme une statue en arrière-plan qu'on voit tenue par un assistant (!), et un seul thème musical incessant.
Après, il faut parler de Bourvil, qui était alors gravement malade, qui est habillé de noir sous son costume blanc pour ne pas qu'il ait froid, et un crâne intégralement rasé parce que la chimiothérapie qu'il vivait en même temps lui faisait perdre les cheveux. D'où le fait que ce soit soit le seul acteur qui soit tenu, mais contre lui j'ai envie de dire ; d'ailleurs, le tournage a été fait très rapidement, car Bourvil n'était pas certain d'avoir la force de le terminer, ce qu'il fera au prix de grandes souffrances.
C'est peut-être plus ça, davantage que le message politique, qui me touche dans le film, où on voit clairement quelqu'un de diminué, qu'on voit clairement doublé quand il se met à courir, à la diction assez lente, mais à ce moment-là, c'était encore une victoire contre la maladie, qui lui donnera encore le droit de tourner deux films (Le cercle rouge et Le mur de l'Atlantique) avant qu'il ne décède en 1970.
Il y a quelques séquences amusantes, comme Bourvil qui se grime pour un discours pro-sexuel à l'Assemblée National, ou une scène avec Dominique Zardi et les quelques apparitions de Michael Lonsdale, mais ça ne sauve pas, à mes yeux, L'étalon d'un profond ennui.