A Story of Horse and Woman
« Long before the myths began, it was primitive, unforgiving. But in that vast, limitless space, Man had one ally : the horse. »
(« Bien avant que ne débute la légende, c’était primitif, impitoyable. Mais dans cet espace vaste, sans limite, l’Homme avait un allié : le cheval. »)
Et sur ces belles paroles débuta la « légende »…
Un chef Indien survit à une attaque… d’Indiens grâce à son cheval blanc, aussi beau que rapide. Fasciné par la monture, un de ses poursuivants le tance d'un regard de défi au poids lourd de sens : une détermination sans pareil, un désir supérieur à toute autre considération : un besoin primitif… Il lui faut cette monture, ce compagnon de voyage idéal.
Un cow-boy autoproclamé vétéran de la Guerre de Sécession chevauche une mule, seul dans les contrées arides du Far West. Il s’empare du cheval tant convoité grâce au Destin.
Un convoi de nobliaux arpente ces terres, se fait attaquer par un Indien, celui qui Veut la monture blanche.
Aucun cheval intéressant, il kidnappe donc la femme la plus jolie du convoi et quelques joyaux, puis l’emmène avec lui dans sa quête du Cheval.
L’Indien vit à sa manière sa romance avec sa kidnappée qui devient sa protégée, tandis que dans le même temps, notre cow-boy vit la sienne avec le Cheval.
Et irrémédiablement, les deux adorateurs de la Monture vont se retrouver face à face, marquant le début d’un affrontement sans pitié… pour la Belle, déterminée et désirable, ou la Bête, libertine et désirée…
Alors, le cheval ou la femme ? Telle est certainement LA question en suspens de ce Eagle's Wing estampillé Anthony Harvey. Rien de mieux que Martin Sheen, un Indien solitaire attachant, un jeune Harvey Keithel en guest star et de superbes paysages du grand Ouest américain pour crever l'écran. Eagle's Wing est un western calme et pour le moins atypique, une sorte de Little Big Man allégé de bien des choses. Décrit comme cela, l'inquiétude serait compréhensible si l'on considère l'adage "ne fait pas du Little Big Man qui veut" mais pour ma part il n'en est rien. Nous sommes en 1979, les Indiens ont été reconnus par Hollywood tels qu'ils sont, et nous n'en sommes donc plus à des considérations de mauvais goût pour ces peuples historiques.
Non, dans ce film, le manichéisme maladroit ou les valeurs morales stéréotypées ont fait leurs bagages et sont partis s’évader vers d’autres horizons. Je leur souhaite bon voyage…
Pour moi, on a droit à un Picasso du western du meilleur goût. Musiques entrainantes, superbes mélodies, peu de dialogues, paysages merveilleux, humour décalé, aventure, duels de regards et de volontés, affrontements aux buts aussi lugubres que délirants, j’ai passé un moment fantastique.
Ce n’est pas un grand film. Ce n’est pas un nanar. Ce n’est pas vraiment un western. Ni un film d’aventure. Ni une comédie. Mais alors qu’est-ce donc que ce Eagle’s Wing ? Un OFNI, un miracle de légèreté, une trouvaille superbe qui me conforte dans mon idée que la curiosité est vraiment un excellent défaut. Pourquoi Eagle’s Wing, du coup ? Je n’ai pas tout saisi pour le titre, mais je suis sur trois pistes : il s’agit soit du nom de l’Indien solitaire (qui ne parle jamais), soit d’une référence à l’unique plume qui orne sa crinière capillaire, soit il s'agit tout simplement du surnom du Cheval blanc. Mentionnons également que la légende se termine par un final aussi passionnant que... déroutant...
J'ai parlé de considération, plus haut. Et bien voilà un film qui en mériterait un peu plus de la part de notre "communauté"...
*(j'ai découvert par la suite avec le résumé du film (non lu au moment d'écrire) que Eagle's Wing est bien le nom du Cheval. Mais celui-ci n'étant jamais mentionné dans le film, je laisse "l'enquête" ouverte...)