Topaz
En 1969, Alfred Hitchcock présente "L'étau" un film d'espionnage inspiré du roman de Léon Uris "Topaz". En 1973, Henri Verneuil présente "Le serpent" inspiré du roman de Pierre Nord "Le 13ème...
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le 22 janv. 2014
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C'est un Hitchcock classique pourrait-on dire.
L'intrigue est inspirée d'un roman de Leon Uris de 1967 qui fut censuré en France car il mettait en cause l'entourage de De Gaulle. Il aurait été infiltré par des espions soviétiques, selon un authentique espion français du SDECE, transfuge aux Etats-Unis pendant la crise des missiles de Cuba en 1963. Les américains n'ont eu aucun mal à accepter cette idée, au contraire des français.
Subséquemment le film a été éreinté par la critique en France, ce qui en dit long sur l'infiltration du "politiquement correct" de l'époque dans la cinéphile commune.
Pourtant les ingrédients présents dans les oeuvres du maître, qui furent précédemment encensés par tous, y compris par la critique française, sont bien là.
Par exemple, de longues scènes muettes, à la fois fluides et inquiétantes.
Dans l'introduction du film, l'exfiltration vers l'Ouest, risquée, de la famille d'un transfuge du KGB pisté par ses ex confrères en Finlande ; puis la transmission d'une mission dangereuse par un espion français à un autre, filmée derrière une vitre .
Puis encore une double scène, bavarde au premier plan et muette en arrière-plan (le vol de documents chez un chef cubain interviewé sur un balcon devant une foule à New York).
Par exemple, des moments de confrontation par le verbe et les mimiques, intelligents et subtils, entre les personnages (notamment ceux avec John Vernon qui joue un chef castriste déchiré entre le devoir et l'amour).
Par exemple, des scènes chocs et esthétiques, pour nous rappeler que c'est avant tout du cinema, comme la mort à Cuba de l'espionne anticastriste dans une robe mauve qui se déploie sur le sol comme le ferait une mare de sang ; ou un couple pathétique qui, après avoir été torturé, est mis en relief dans un plan émouvant comme une pièta.
Le casting est moins couteux que dans ses grands films des années 50, avec moins de grandes stars internationales. MDais il est quand même recherché : l'espion français est joué par Frederick Stafford, l'américain par John Forsythe, le chef cubain par John Vernon, la femme du français par Dany Robin, l'espionne cubaine par Karin Dor, les hauts fonctionnaires par Philippe Noiret et Michel Piccoli, et en seconds rôles nous avons Claude Jade et Michel Subor.
Certes Frederick Stafford n'a pas le charisme de Cary Grant dans North by Norwest (La Mort aux Trousses) ni de James Stewart dans Vertigo (Sueurs Froides) ou de Paul Newman dans The Torn Curtain (Le Rideau Déchiré). Mais quoi ? Est-ce que Tippi Hedren dans The Birds (Les Oiseaux) en avait autant que Grace Kelly dans Rear Window (Fenêtre sur Cour) ?
La fin du film est cependant trop abrupte, comme bâclée.
D'ailleurs, deux alternatives avaient été tournées, qu'on peut maintenant facilement trouver.
Celle où le chef de réseau français démasqué est exécuté par le KGB pendant un duel avec l'espion honnête est encore plus ridicule que celle qui a été gardée.
Quant à l'autre, non gardée elle aussi, elle aurait été la plus crédible quoique plus cynique : le traître prend l'avion tranquillement vers l'URSS en face du français qui monte quant à lui les marches d'un autre avion pour les Etats Unis (ce qui nous ramène à l'espion du SDECE qui inspira le livre).
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il y a 8 jours
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