Souvenez-vous, enfant, du très redoutable et redouté ennui estival. Lorsque tous vos copains étaient déjà partis en vacances, que vos parents travaillaient et que vous aviez épuisé toute source de distraction imaginable. De quelle empathie sommes-nous alors pris lorsque nous faisons la rencontre avec le jeune Masao, protagoniste du film, qui aura pour objectif d’aller à la rencontre de sa mère qu’il n’a jamais connu. Il partira avec un homme, compagnon d’une amie de la famille. Un couple improbable, presque dérangeant aux premiers abords, mais dont l’alchimie à l’écran créera une merveilleuse vague de douceur.
*L’été de Kikujiro*, c’est comme regarder des photos d’enfance : la nostalgie laissera couler quelques larmes sur le bord des joues mais emplira de tant de bonheur et d’allégresse. Spectateur d’un voyage qui semble interminable, Takeshi Kitano traîne son public pendant presque l’intégralité de son œuvre dans la quasi morosité d’objectifs intarissablement non atteints : la rencontre ratée avec la mère de Masao, l’argent qui manque, l’impossibilité de rentrer ; et avant tout la profonde peine du petit garçon qui semble vivre le pire été de sa vie. Ces émotions au goût amer sont trempés dans une photographie très lisse, aux couleurs agréablement pastel. L’alternance entre plans fixes de très tranquilles et bien légers mouvements de caméra nous berce dans la narration de cette aventure. Je n’irai pas sans mentionner l’incroyable bande originale composée par Joe Hisaishi, plus connu pour son travail avec le Studio Ghibli. Son morceau « Summer » à la mélodie sautillante (voire enfantine) entrecoupée de longues et soyeuses lancées de violons, sublime le travail visuel.
En bref, *L’été de Kikujiro* ne peut que séduire, ne peut qu’attendrir quiconque prendra le temps de se fondre dans un conte digne des histoires pour enfant que nous comptaient nos parents au creux de l’oreiller.