Comment souvent avec Takeshi Kitano, le contexte de son oeuvre est loin d'être des plus joyeuses. Il nous propose comme histoire celle d'un petit garçon, Masao, élevé par sa grand-mère et dont le père est décédé tandis que sa mère l'a abandonné. L'espace de quelques jours, pendant un été auquel il s'ennuie parce que tous ses amis sont partis en vacances ailleurs, il va partir avec Kikujiro, un ancien yakuza minable, pour tenter de rencontrer la mère du jeune garçon.
Sur leur route, ils vont rencontrer des marginaux: deux motards aux allures de voyous, mais au coeur énorme, un poète et un jeune couple parmi les rencontres les plus importantes.
Ce récit sert avant tout à offrir une oeuvre possédant une dimension profondément humaine où aussi bien Masao que Kikujiro auront une influence sur l'autre. Ainsi que les rencontres qu'ils vont faire avec les autres protagonistes. En réalité, en dépit de l'aspect assez négatif du postulat de départ, l'oeuvre se veut profondément optimiste en montrant les côtés positifs qui peuvent se trouver chez l'homme. Kikujiro va permettre à Masao de découvrir les facettes amusantes de la vie même si elle peut se révéler tout aussi cruelle (SPOILER: la mère a refait sa vie, a eu un autre enfant et a totalement oublié son premier fils). Masao va permettre à Kikujiro de révéler d'autres facettes de sa personnalité que celle d'un personnage grossier, bourru et jurant à tout bout de champ. Kikujiro va d'ailleurs énormément s'identifier à Masao lors d'une séquence importante dans un arrêt de bus où il dit: "Est-il comme moi finalement?". C'est aussi un homme qui va se montrer très protecteur vis-à-vis du jeune enfant. Les seconds rôles possèdent aussi leurs propres caractéristiques, on ressent des personnages qui ont énormément de craintes dans la vie, mais qui se montrent avec une grande gentillesse. Kitano parle vraiment de l'humain avec positivisme même s'il n'en oublie pas les caractères parfois plus négatifs comme la rencontre avec un pédophile qui heureusement ne tournera pas mal.
A cela s'ajoute énormément de décalage chez Kitano. Pour la première fois dans un de ses films sérieux, l'humour et le second degré sont très présents. Si on excepte Getting Any? donc, c'est certainement l'oeuvre possédant le plus d'humour. Ce dernier est même burlesque par moment. Le cinéaste nous offre même une séquence géniale dans la piscine de l'hôtel, valant à elle seule le déplacement. Bref, une oeuvre qui s'apparente une nouvelle fois à une énorme réussite de la part de ce cinéaste qui est sans conteste l'un de mes favoris.
batman1985
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le 6 mai 2011

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