L'Été de la dernière étreinte par Gewurztraminer
Drame social et psychologique avec une magnétique Junko Miyashita campant le personnage de Shimako, une secrétaire dupée dont la relation adultère avec un chef d'entreprise l'amènera à commettre une vengeance froide et finalement prendre le chemin de la marginalité. Si le film s'inscrit dans un contexte social où s'articule le rapport des classes, cette opposition se voit avant tout comme un moyen d'évocation de la sexualité comme outil d'insoumission tout autant qu'un échappatoire à l'ennui. On retrouve là une veine commune avec le cinéma de Kumashiro et son inclinaison naturelle à s'attacher aux marginaux et laisser-pour-comptes. Evitant de se prostrer dans le sordide complaisant, ce portrait de victime d'un machisme sociétal trouve sa force dans sa poésie mélancolique où la violence sous-tendue vient rappeler les fêlures qui rongent cette femme désormais libre. Si la mise en scène de Negishi manque quelque peu de relief et du lyrisme 'terrestre' d'un Kumashiro, sa grande actrice porte littéralement le film et insuffle tout le naturel et la fragilité dans son personnage. Un équilibre délicat d'où se dégage certain propos naturaliste qui vient faire écho à cet éloge de la dérive et de la marginalité ; à l'image de cet attachant couple fantasque et paumé avec qui Shimako vient finalement poser ses valises. Une étude de mœurs qui vient rappeler la capacité du cinéma érotique à embrasser de beaux portraits de femme sans se départir d'une certaine ambiguïté.