L'Été de la peur
4.8
L'Été de la peur

Téléfilm de Wes Craven (1978)

En 1978 Wes Craven est déjà un réalisateur remarqué de films d’horreur. La Dernière maison sur la gauche en 1972 et La Colline a des yeux en 1977 sont déjà des classiques. D’autres suivront. Mais alors qu’il ne voulait pas rester enfermé dans un genre, la réputation sulfureuse de ces films l’empêcha de s’essayer à d’autres domaines.


C’est peut-être comme ça qu’il faut voir ce premier essai de Wes Craven pour la télévision, une manière de se redonner une nouvelle crédibilité. Le film s’apparente à un thriller horrifique, loin de la violence de ses succès sur grand écran. Il mise sur une angoisse plus discrète, misant sur les inquiétudes de son personnage principal, Rachel, virant vers la paranoïa.


Celle-ci est une adolescente qui a tout pour réussir, un certain talent pour l’équitation, un beau petit ami et des parents aimants. Mais à la mort de son oncle et de sa tante dans un accident de voiture, la famille recueille sa cousine, Julia, qu’elle n’avait pas vu depuis des années. Petit à petit, elle prend de plus en plus de place au sein de la famille, tandis que Rachel subit d’étranges déconvenues. Quand elle trouve d’étranges objets dans les affaires de sa cousine, elle se demande si celle-ci ne lui aurait pas jeté de mauvais sorts.


J’ai déjà raconté l’anecdote, et j’espère ne pas la ressortir à chaque téléfilm que je critique, mais le vénérable Leslie Nielsen expliquait l’échec de la (formidable !) série Police Squad en 1982 par le fait que les téléspectateurs ne regardaient pas leur poste attentivement. Les programmes n’étaient qu’un fonds sonore et visuel, regardés d’un œil paresseux.


Entre ce téléfilm et cette série télévisée, il n’y a que peu d’années d’écart et le constat semble toujours valable. L’Eté de la peur avance son histoire à petit pas, en rappelant régulièrement certains détails de son intrigue à ceux qui se seraient assoupis. Et pourtant, le film n’est guère surprenant. Le film utilise la méfiance puis la paranoïa de Rachel comme de la jalousie à l’égard de sa cousine, ce qui est assez bien vu. Mais dès les premiers signes contre elle, il n’y a plus de mystère. Le spectateur attend des rebondissements, ou un autre éclairage, mais non. Il n’y aura aucune surprise. Il ne faudrait pas déstabiliser le spectateur.


C’est d’autant plus dommage que le casting est assez bon. Rachel est joué par Linda Blair, ce qui la change un peu des deux premiers Exorcistes. C’est une adolescente typique, joyeuse ou boudeuse, qu’elle incarne comme dans un soap-opera, avec ses exagérations. Face à elle, sa cousine est interprétée par Lee Purcell, au regard dur au sein d’un visage innocent, un bon choix pour un personnage aussi ambivalent. S’il n’y avait cette séquence finale où elle est méconnaissable, sa prestation serait presque un sans faute au sein de ce téléfilm où les autres acteurs jouent assez correctement.


Je vais vous faire une fausse confidence. Je regarde quasiment toujours les films en une seule fois. Ce « quasiment », c’est à cause de ce film que j’ai arrêté pour m’atteler à autre chose, tellement l’ennui ralentissait dangereusement mon rythme cardiaque. J’ai frôlé la mort par ennui devant ce film. J’ai repris le visionnage plusieurs jours après par acquis de conscience, telle une corvée, afin d’avoir tout de même la fin de l’histoire.


C’est un téléfilm propre sur lui, un peu trop même, sans aucune recherche dans la réalisation. Il aurait pu être fait par n’importe qui. Mais avec un nom tel que Wes Craven aux commandes, il y a un minimum d’attentes. Thriller vaguement horrifique, toute son histoire est contenue dans les 20 premières minutes, le reste n’étant qu’une suite d’indices pour semer le flou sur les intentions réelles de la cousine, des fausses pistes vite délaissées plus tard. Attendre un rebondissement est une pure perte, c’est un film sans surprises et sans grand intérêt.

SimplySmackkk
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le 24 avr. 2020

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