Le dernier été avant la chute

Je vous avoue que j'allais plutôt à reculons voir ce film de Catherine Breillat, effrayée à l'idée qu'elle puisse esthétiser l'inceste et qu'à force de vouloir déranger, choquer, elle ne soit complaisante avec ses personnages... Et bien spoiler, ce n'est pas du tout le cas ! (Du moins selon moi, je sais bien que cela fait débat...)

Le film est non seulement bien plus complexe dans ses enjeux mais est aussi paradoxalement beaucoup plus clair que prévu quant à la position de la réalisatrice face à ses personnages. Ainsi nous les observons, nous les étudions comme des insectes dans un bocal, à la loupe même sur les visages, une ride, un regard, un bout de peau nue... Et nous arrivons à les comprendre... Mais sans pour autant tomber dans l'empathie ou la complaisance bien au contraire. Nous voyons le piège se refermer sur eux petit à petit et Léa Drucker (exceptionnelle!) se transformer sous nos yeux en monstre, prête à sacrifier quiconque se mettra en travers de sa route, pour sauver les apparences de ce monde bourgeois qui ne tient qu'à ça.

Les scènes de sexe ne sont jamais érotisées, au contraire, elles transpirent le malaise et parfois même la laideur, symboles de la terrible erreur (ou horreur) qui se joue sous nos yeux. Et si le film n'est pas manichéen, il dénonce bel et bien une haute bourgeoisie manipulatrice et toxique...

Le tout avec bien sûr une photographie et une mise en scène sublimes, de très bons dialogues et une superbe direction d'acteurs.

Si comme moi vous hésitiez à aller voir le film, je vous invite fortement à aller vous faire votre propre avis !