Bof bof bof... j'aime l'univers de Jean Cocteau, j'aime le mythe de Tristan et Iseult, mais ce film là ne semble pas avoir grand chose d'intéressant à y ajouter.
Il s'agit d'une relecture par Cocteau de la légende, en le transposant dans le monde contemporain. On y retrouve Jean Marais (nouveau Tristan sous le nom de Patrice) mais aussi Yvonne de Bray qui marquera les esprits dans l'excellent "Les parents terribles". Madeleine Sologne joue la nouvelle version d'Iseult prénommée Nathalie. Jean Murat, Jean d'Yd, Junie Astor, Roland Toutian, Alexandre Rignault et Jeanne Marken complètent la distribution, ainsi que Piéral, acteur de petite taille que je trouve exceptionnel (j'avais adoré son interprétation dans "Danger de mort" de Gilles Grangier).
Le problème c'est principalement que Cocteau aurait dû réaliser lui même ce film. Jean Delannoy n'a pas toujours su cerner où se trouvait son talent et s'est souvent retrouvé avec des sujets pour lesquels il n'était pas fait. Ainsi la mise en scène de "L'éternel retour" est académique et plonge le film dans l'ennui. On sent que, si le scénario tient la route, celui qui est derrière la caméra n'a rien à en dire de particulier. Le film échoue à créer l'atmosphère fantastique qu'il semble rechercher. Tous n'est que plans de raccords, champs contre champs, idées de cadrages faussement poétiques. On essaie de mettre en valeur le jeu des acteurs que Delannoy dirige vers une espèce de demi mesure entre jeu théâtrale et jeu cinématographique. C'est assez bizarre, et chez moi ça coupe l'émotion.
C'est ce film qui a imposé Delannoy comme un metteur en scène ambitieux, représentant de la "qualité française" tant décriée par les jeunes turcs. A l'époque ça a été un triomphe public et critique et un gros succès auprès de la jeunesse. Les jeunes garçons se sont mis à immiter Jean Marais et les jeunes filles à immiter Madeleine Sologne. Mais aujourd'hui c'est assez barbant. Cela tient plus du phénomène générationel qu'autre chose. Alors ce n'est pas non plus comparable à "La boum" car ici les auteurs ont quand même une vraie ambition artistique, ils n'essaient pas juste de faire un phénomène de société. Mais ça n'arrive pas à passer l'épreuve du temps. C'est prétentieux et agaçant.
On sent une tentative de faire du conte germanique, nordique (je ne rentrerais pas dans la polémique pour savoir si ce film essayait où non de flatter l'occupant avec ses deux jeunes premiers blonds) mais sans jamais en avoir le sel. Il aurait fallut au contraire essayer de faire quelque chose de très français, peut-être s'inspirer du roman de Béroul plutôt que de la saga norroise. C'est sûrement ce que Rohmer aurait fait.