Le mur du çon
Ce mur-là, définitivement infranchissable, c’est celui qui se dresse devant le premier vainqueur de Mach 1, Chuck Yeager / Sam Shepard, interdit d’essais spatiaux faute d’avoir accompli des études...
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le 3 avr. 2015
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Film culte de la pop culture américaine aujourd’hui un peu tombé dans l’oubli, L’Étoffe des héros de Philip Kaufman sort en 1983, à l’époque où la guerre froide entre les États-Unis de Reagan et l’URSS connaît un regain d’hostilité après une phase de relative accalmie ayant suivi la fin de la guerre au Vietnam. La période, surnommée a posteriori la « guerre fraîche » par les historiens du fait d’un retour à une confrontation sérieuse entre les blocs communiste et capitaliste, est donc propice aux films qui exaltent le sentiment patriotique et rappellent les grands jalons de la « course à l’espace » qui commença à la fin de la Seconde Guerre mondiale entre les deux superpuissances.
Film long et exhaustif, The Right Stuff n’en demeure pas moins truffé de séquences qui auraient sans problème pu figurer dans un Kubrick ou tout autre film dit « d’auteur ». Ainsi lors de la première phase des essais dans le désert de Chuck Yeager en vue de briser le fameux mur du son : le pilote parcourt le désert californien à cheval (antique moyen de propulsion de l’humanité), s’arrêtant pour observer le mythique aéronef Bell X-1 en train d’être ravitaillé, comme si ce fût une bête sauvage dont il dût appréhender le caractère, le comportement imprévisible, contemplant la flamme du réacteur qui couta la vie à tant de pionniers avant lui ; ou, plus loin, lors du vol en orbite de John Glenn, marqué par l’irruption de milliers de « lucioles » à travers son hublot, alors qu’au même moment des aborigènes d’Australie mènent ce qui semble être un rituel d’élévation spirituelle, signifiant ainsi la connexion du monde terrestre au monde céleste.
Les trois heures quinze du film ne sont pas utilisées à mauvais escient la plupart du temps. Hormis quelques séquences qui traînent en longueur vers le milieu du film, durant les entraînements des futurs astronautes notamment, le métrage est admirablement bien rythmé, suivant à tour de rôle des pilotes aux personnalités attachantes, et, fait intéressant, leurs femmes, partenaires bien souvent malheureuses de leurs exploits aux dangers mortels. Une facette soutenue par un casting solide aux expressions jamais trop enfermées dans le pathos patriotique.
De nombreux petits détails ajoutent une saveur supplémentaire pour qui serait friand d’anecdotes historiques : ainsi les scientifiques du programme Mercury au fort accent germanique, rappelant que le programme spatial américain doit beaucoup aux cerveaux exfiltrés d’Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale (opération Paperclip) ; l’invasion permanente des journalistes dans la vie privée des astronautes et les gros contrats contractés par ces derniers avec des magazines people, montrant le poids colossal acquis par les médias dans les U.S. des sixties ; la concurrence entre l’Air Force et la NASA, etc.
Entièrement tourné en images réelles, L’Étoffe des héros vient rappeler à tous les réalisateurs récents de blockbusters sur l’aviation ou l’espace ce que c’est qu’un film qui a de la gueule. Séquences tournées sur un tarmac bouillonnant dans le désert de Mojave, au milieu de la mer depuis un porte-avions ou dans le ciel à la vitesse supersonique sont autant d’arguments qui font de l’œuvre un passage obligé pour tout fana de ce monde de la vitesse et du dépassement de soi. Voilà un film qui fait crier les fuselages et sentir les trois cents litres de carburant consommés à la minute ! Quel pied !
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le 20 juil. 2021
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