Ah, la Créature du Lagon Noir ...
Tilt !
Un quart de siècle que j'attendais de découvrir enfin la bête, depuis que je l'avais croisé dans les bars brumeux du fin fond de la Bretagne. Un foutu bon flipper qui sentait bon le cinéma de la dernière Séance. Alors nécessairement, à l'idée de critiquer ce film, ne comptez pas sur moi pour être totalement impartial même si je vais faire de mon mieux.
La restauration que j'ai pu déguster est excellente. Le son de qualité, le grain, l'image, impeccables. Ce noir et blanc passe très bien à l'écran et j'imagine que la 3D n'avait pas grand intérêt même si l'affiche en vend tous les mérites. La force de cette série B prend tout son relief quand on songe, à posteriori, à la foule d'influences que cette oeuvre a pu avoir. Je ne suis pas le premier à le remarquer, bien entendu, mais de Jaws à Jurassic Park en passant par tous les films à base de créatures aquatiques qui dévorent et s'attaquent à des esquifs, les emprunts sont nombreux. De son côté, cette créature a aussi beaucoup d'un King Kong et son design a visiblement beaucoup influencé le Kraken du Choc des Titans (lequel ? Lecteur, ne m'insulte pas, il n'y en a qu'un).
Le scénario, très classique, avec son méchant-scientifique-chasseur qui ne pense qu'à sa gloire, sa cruche toute droite sortie d'un Pulp d'Howard, son capitaine potache, n'offre pas de surprises. Les séquences à l'air libre sont assez quelconques, heureusement que les plans sous-marins sont de toute beauté. Le design de la créature humanoïde me plait bien et qu'il est bon de voir de vrais poissons.
Oeuvre de série B culte, ce film fleure bon le vieux cinéma sans prétention. Bien entendu, la miss qui hurle 5 fois pour s'être fait surprendre 5 fois par la même ruse d'un monstre qui arrive par derrière, ces gros plans sur les mains palmées et griffues, ces sics d'ambiances inimitables, tout ça plie sous le poids des âges. Mais que c'est bon ! Le charme opère, Julia Adams est plastiquement parfaite et la scène de nage avec le monstre totalement envoûtante.
Un film délicieusement imparfait, superbement retro, à voir quand il fait chaud, avec des glaces, sa douce dans les bras, dans un drive-in. Après, quand elle aura eu peur, il sera temps de la sauver et de jouer au flipper ....