Voilà un film au charme désuet qui est fort agréable à regarder. Le charme de la langueur monotone des hauts cours de l’Amazone, celui des décors improbables dans cette région (la grotte !). On ne s’ennuie pas bien qu’il ne se passe pas grand-chose d’intéressant. Les images sous-marines sont très belles, et là aussi, bien qu’elles soient longues (18 minutes au total), on ne s’en lasse pas du tout. Les images sont très bien restaurées, la photo est belle, et on peut noter la qualité de ces images sous-marines qui furent les premières à être tournées en 3d si j’ai bien compris (on est en 1953).
La musique est absolument parfaite, notamment le thème musical, trois notes jouées à la trompette survenant à chaque apparition de la créature. On pense tout de suite à Jaws et John Williams, et on ne peut pas imaginer que Spielberg ne se soit pas inspiré de ce film, tant la scène de la nageuse d’Amity Island ressemble à celle de Julia Adams suivie par la créature. Mais le film reprend lui même des thématiques classiques vues ailleurs, la proximité avec King Kong et la Belle et la Bête étant par exemple évidente.
Creature from the black lagoon est tout de même précurseur, évoquant une des difficultés actuelles de la recherche, la nécessité de trouver des financements, donc de valoriser ses résultats et pour cela, parfois de vendre son âme au diable… Mon propos est un peu caricatural, mais on voit bien dans ce film s’affronter la recherche dont le but est le résultat immédiat et la gloire avec celle qui ne néglige pas les questions éthiques. Deux personnages bien différents, avec au milieu la bête, et la belle…