Un très bon film de Henry Selick (eh non, pas de Tim Burton à la réalisation, il était en train de faire Batman - Le Défi !) qui mêle lyrisme morbide et beauté parfaite du stop-motion (tout premier film produit par Disney sous ce format). Le gros coup de cœur est bien sûr la musique et les chants de Danny Elfman (ayant eu la chance de l'écouter chanter ces titres en concert, la gamine d'autrefois en a eu les larmes aux yeux), aussi magiques qu'effrayants. L'anecdote est que le doubleur de Jack ne sachant pas chanter, Burton a auditionné une myriade de chanteurs dont aucun n'avait la voix ténébreuse pour interpréter les chansons de Jack... En dernier recours, il a donc pensé à son ami de longue date, son compositeur, qui avait été dans le passé un chanteur d'un club de Oongo-Bongo, mais l'intéressé ne voulait pas, trouvant sa voix horrible. Après s'être laissé convaincre par un Burton désespéré, l'essai de Elfman en Jack-chanteur aurait rendu confus le compositeur (qui se pense toujours médiocre dans ses chants), tandis que Burton clapait des mains tout en l'assignant au rôle, enthousiaste. Le résultat ? Une voix venue d'outre-tombe, inimitable, qui donne à ce personnage toute l'existence surpassant l'animation. L'univers glauque est de Burton, les personnages sont de Burton, les story-boards sont de Burton, l'équipe technique est de Burton... Mais pas la réalisation (il ne serait venu qu'une dizaine de jours sur le plateau). Alors, L’Étrange Noël de Monsieur Jack est-il un film "de Burton" ? La fan aurait tendance à dire oui, malgré de nombreux éléments qui ne lui ressemblent pas au final (l'univers de Noël, édulcoré et doucereux, sortent de Selick et de Disney). Mais la question reste encore épineuse aujourd'hui. Il n'en reste pas moins que le film est magnifiquement dérangeant par son univers à la fois macabre et hilarant, que la morale "inversée" est jouissive, et que les chants sont mon coup de cœur.