L'Étrange Pouvoir de Norman par Feedbacker
Paranorman (titre original du film, qu'il n'était pas nécessaire de changer) raconte l'histoire de Norman, jeune garçon amateur de films de zombies, dont la particularité est de pouvoir voir et communiquer avec les morts - ce que son entourage, bien entendu, ne prend pas au sérieux. Son oncle clodo (?!) lui annonce qu'une malédiction est sur le point de tomber sur sa ville, et que seul Norman avec son pouvoir est capable de lever le sort.
C'est la nouvelle production en stop-motion des studios Laika, à qui l'on doit déjà le magnifique Coraline - on pouvait dès lors attendre de Paranorman une certaine qualité esthétique et une 3D qui vaille le détour. La première chose à noter, c'est que l'animation est réussie... mais somme toute banale, loin de provoquer l'émerveillement. Les décors, peu mis en avant, manquent de vie et laissent indifférent. Bien sûr, les auteurs voulaient créer un univers de série B - la petite ville américaine avec ses clichés - dans un style cartoonesque, mais il en résulte une certaine plasticité (notamment au niveau du visage des personnages, leurs yeux disproportionnés).
D'autre part, la gestuelle souvent démesurée des persos adultes (la prof de théâtre faisant son speech, puis l'oncle clodo avec ses mises en garde) vient plomber le ton, parce qu'ils en font des caisses. Cette grandiloquence, cette subtilité pachydermique pour à peu près tous les détails du film, fait souvent soupirer. L'humour exaspère, les blagues semblent écrites par un gamin de 12 ans (matez la bande-annonce, elle en dit long). C'est même parfois de très mauvais goût ; un exemple avec le cadavre de l'oncle SDF qui vient s'étaler sur son neveu et lui lécher le visage. Juste pour vous donner un aperçu.
Le film tente de rire de ces clichés adolescents, comme la grande soeur pouf, blonde, en jogging rose et scotchée au téléphone (ça va, je crois qu'on a compris les gars), le grand sportif tout en muscle et rien dans la cervelle, la terreur du collège qui se révèle plus peureux que le héros... Bref, c'est du parodique sans finesse et ça baigne dans le déjà-vu.
On essaie parallèlement de rendre un certain hommage aux films de genre, avec quelques clins d'oeil efficaces (la musique Carpenter-esque), mais la critique des mouvements de masse, de la télé abrutissante (Romero ?) est là aussi tellement grossière qu'elle met mal à l'aise.
Reste à la fin (oulala, SPOIL), une scène type "boss final de jeu vidéo" avec une gamine-pikachu pas contente, sur fond de morale sur le pardon un peu vaseuse ("c'est pas bien d'être méchant avec les méchants quand on est gentil"), à noter que la scène autour de l'arbre rappelle The Fountain esthétiquement...
Au final le film se révèle décevant par ce manque cruel de subtilité dans sa démarche et ses personnages, confinant presque à l'incompréhensible par moments. Se voulant plus parodique que poétique, Paranorman se plante en accumulant inutilement les clichés, rendant ses personnages fades et peu attachants.
Note : on peut voir un personnage ressemblant étrangement à Carla Bruni, qui sort du casino avec un homme et se joint aux autres pour foutre la pâté aux zombies. Ca, c'était subtil.