Giallo pur et dur de l'époque charnière entre les années soixante et les seventies, L'étrange vice de Mmme Wardh de Sergio Martino est une sorte de pont thématique entre le giallo classique à la Umberto Lenzi et celui plus horrifique à la Dario Argento.
L'étrange vice de Mmme Wardh raconte l'histoire d'une jeune femme mariée qui lors d'un séjour à Vienne doit faire face au fantôme d'une relation passé emprunte de vice alors qu'un mystérieux tueur armé d'un rasoir sème la terreur dans la ville.
On retrouve dans le film de Sergio Martino tous les ingrédients propres à un bon giallo avec un milieu bourgeois, de l'érotisme trouble et parfois totalement gratuit ( « Tiens t'as une robe en papier fais voir si ça se déchire facilement»), un assassin ganté adepte de l'arme blanche et une intrigue bien tordue ménageant suspens et coups de théâtres autour d'une poignée de personnages. Basé sur un rythme assez lancinant, L'étrange vice de Mmme Wardh retient surtout l'attention par son climat trouble explorant les fameux vices sadomasochiste de Mme Wardh (dont une scène étrange d'étreinte sexuelle avec des débris de verre), la musique fascinante de Nora Orlandi et son intrigue solidement construite. On retrouve en tête d'affiche la très jolie Edwige Fenech, figure emblématique du giallo (Toutes les couleurs du vice - Torso) ,qui restera à titre personnel à jamais associé à mes premiers émois érotiques de pré-adolescent avec des films moins glamour comme les comédies italiennes polissonnes.
Moins gore que les futurs classiques du genre et plus corsé que les gialli bourgeois des années soixante, L'étrange vice de Mme Wardh est un film charnière dans l'histoire du genre. Élégant, trouble, lent mais captivant Lo strano vizio della signora Wardh est certes un giallo très classique mais c'est avant tout un vrai classique du giallo.