Le classicisme selon Pasolini
Pour moi, L'Evangile Selon St Matthieu est la quintessence du classicisme. Le film de Pasolini par sa simplicité, sa justesse représente exactement toutes l'universalité de cette histoire qui est saisie dans la brièveté. L'histoire est relatée simplement, pas d'artifice, de grandiloquence, un pur diamant brute.
D'abord Pasolini reprend un texte (facile, c'est das le titre) et l'adapte. Le projet n'est pas de chercher le cadre de cette dans une reconstitution mais de reprendre le plus simplement l'histoire. Le choix d'un Jésus (brun) latin était une évidence iconographique mais il était beaucoup moins nécessaire de transformer Jérusalem en un village.
Cette sobriété paye, le cas le plus intéressant dans ce film, est l'usage de la musique. Pasolini fait oeuvre de DJ éblouissant, se servant d'une discographie variée, qui passe de Bach à Odetta sans oublier les chants folkloriques (pour pas dire ethnographiques. Alors que l'on s'attend à un merveilleux bazar, son emploi de la musique tend au sample (si on est moderne) ou themes (si on est de l'ancienne école). Finalement la musique s'accorde au film, sans faux-pas ni débordement.
Le classicisme de Pasolini trouve sa raison d'être dans cet équilibre parfait. Ce film est le parfait exemple (ou contre-exemple) du génie du cinéaste qui a été habitué à ses outrances cinématographiques, règle dans une dimension simple, toute la beauté universelle d'un texte. Le classicisme comme tout moment de grâce est bref, Evangile Selon St Matthieu est un chef d'oeuvre. Tout n'est qu'efficacité, les gestes et les paroles, rien n'est de trop.