Rashōmon comme L'évaporation d'un homme travaillent les rapports infidèles d'une vérité à ses récits, soit le gouffre doucement paradoxal entre nos désirs de vérité, confondue avec les faits, et la réalité glissante des choses et des gens, celle que nos propres yeux décident de figer à force d'avoir vainement attendu que d'elle-même elle se fige. Au viol d'une femme dans Rashōmon fait écho la disparition d'un homme dans L'évaporation ; les récits prennent la peine de se formuler autour d'événements dont la matérialité n'est pas objet d'équivoque : d'eux l'on peut dire qu'ils ont – ou non – eu lieu. Mais ni Kurosawa ni Imamura ne retiennent ce biais frontal de ce qui s'est ou non passé pour faire vibrer la corde du relatif, même si ce qu'il leur importe de faire, dans l'exploration des témoignages et des circonstances, vise à une ampleur comparable : jusqu'à quel degré les nuances peuvent-elles nuancer et les divergences diverger avant d'atteindre le point de non-retour d'une défiguration de l'événement ? Le problème est celui de la vérité en son sens quasi géographique : où peut-on s'arrêter, se stabiliser, non pas là-bas, dans les faits incertains d'un passé qui n'apparaît de toute façon plus que par persistance rétinienne, mais ici et maintenant, dans le récit (pour Rashōmon), dans le documentaire d'enquête (pour L'évaporation) ? (...) : http://vostfr-cinema.blogspot.com/2011/08/rashomon-levaporation-de-lhomme.html
J8liette
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le 9 août 2011

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