Je suis quelque peu étonné que "L’éveil" ne soit pas davantage soumis aux critiques des cinéphiles. Pourtant, il bénéficia en 1991 de trois nominations aux Oscars pour le meilleur film, le meilleur scénario et le meilleur acteur concernant… Robert De Niro. Se basant sur une histoire vraie et sur un roman d’Oliver Sacks paru en 1973, Penny Marshall nous emmène au beau milieu d’une aventure humaine émouvante à souhait. Le scénario est donc irréprochable, voire inattaquable, et bénéficie d’un traitement dans lequel je ne vois aucune faille, ce qui explique sans doute sa course au graal lors des récompenses les plus convoitées de la planète.
Dès le début, nous sommes en présence de deux enfants, dont Leonard Lowe qui plonge subitement dans un état végétatif dû à une encéphalite léthargique, maladie qui constitua un véritable fléau épidémique qui a sévi dans le monde entier au début du XXème siècle (principalement entre 1915 et 1926 selon le site Wikipédia), et je m’interroge sur l’apparition si soudaine de cette maladie, ce qui pourrait constituer le seul point faible du film, mais au moins cette entrée en matière offre l’avantage de planter le contexte rapidement. Cependant là n’est pas l’important puisque l’essentiel se trouve dans la suite des événements.
Nous retrouvons donc Leonard 30 ans plus tard dans un hôpital spécialisé, alors que le Docteur Malcolm Sayer, jusque-là cantonné au monde de la recherche, parvient à obtenir un poste loin de sa spécialité. En effet, ce dernier se voit confier un bon nombre de patients, dans une mission qui ne correspond pas vraiment à son domaine, la recherche. Pourtant il va s’apercevoir incidemment que certains de ces malades présentent des similitudes curieuses dans leur attitude. Animé par le défi à la fois humain et scientifique, il n’en fallait pas moins pour le remettre en selle et s’adonner à son métier premier : la recherche, tout en restant proche des patients dont il a la charge.
Autant dire que nous avons affaire ici à des rôles de composition, dont celui de Leonard Lowe qui échoue dans les bras de… Robert De Niro. Oui, je sais, c’est surprenant, lui qui nous a habitué plutôt à des rôles de bad boy en tout genre, après s’être essayé dans la comédie (ah ben oui déjà à cette époque) avec "Midnight run" et "Nous ne sommes pas des anges". Le fait est qu’ici, Robert De Niro est éblouissant, montrant alors une nouvelle facette de son immense talent. Et surtout, il est dans un rôle dans lequel personne, mais alors absolument personne, ne l'attendait.
Face à lui, est mis dans la peau du Docteur Malcolm Sayer le non moins talentueux Robin Williams. Nous avons donc ici l’opposition de deux pointures du cinéma hollywoodien qui animent de façon magistrale leur rôle respectif, jusque dans l’expression scénique à tel point que je les ai sentis totalement concernés.
Avec des plans de caméra réussis, la photographie proposée est superbe, toute en simplicité et en candeur. La réalisation est admirable, car elle est simple, sans fioritures, à la fois grave et légère, tout en réussissant le pari d’insérer ici et là une petite touche d’humour. Cela donne un chef-d’œuvre, auquel est venu prendre part Penelope Ann Miller (qu’on a vu dans "Un flic à la maternelle") qui nous apporte ici un peu de fraîcheur, mais aussi John Heard (moins sympathique que dans "Maman j’ai raté l’avion"), Max Von Sydow, ou encore Vin Diesel qui fait ici sa toute première apparition cinématographique.
Le film vaut donc bien le détour pour son sujet, mais aussi pour la superbe interprétation de Robert De Niro pour qui "L’éveil" constitue l’un de ses films préférés, sans oublier la prestation de Robin Williams. Bravo à eux, et à Penny Marshall qui nous offre un film bouleversant, tout en nous informant sur un fait méconnu, et tout en nous présentant un sujet qui est toujours d’actualité : le financement et les limites de la médecine.