L'Eveil, Penny Marshall (1990)
Il m'est difficile de parler de ce film tant il m'a touché, vu plusieurs fois il y a de cela 5-6 ans lorsque je l'ai découvert, je l'aimais d'un amour fou, aveugle, souvent meurtri par les reproches qui lui sont fait et le désamour de la critique dites "cinéphile" dont je sais faire fit à présent.
Je l'ai redécouvert récemment en blu-ray avec beaucoup d'appréhension, la peur au ventre que la magie ne prenne plus... et cela a été le cas lors du 1er revisionnage car j'ai eu du mal avec le traitement très pathos et très littéral du sujet ayant developpé ma sensibilité au dit "grand cinéma" ses dernières années ainsi qu'un regard critique qui me fait d'avantage me fixer sur les défauts d'une oeuvre plutot que sur ses qualités. Après 30 minutes certaines scènes m'ont paru de mauvais gout, trop démonstrative, exposant trop frontalement cette maladie rare qui a eu l'effet d'un rejet sur moi, ne voyant plus que le grotesque des situations et négligeant le regard spontané peut être même candide qu'il faut avoir sur ce film.
"Dites le que je suis grotesque" dit leonard (robert Deniro) au Dr sayer (R.williams) dans la suite du film
Je l'ai revu au calme aujourd'hui les idées claires et fort heureusement la magie a repris le dessus : l'éveil est un film qui me touche beaucoup par sa simplicité , sa bienveillance et sa spontanéité, son traitement frontal peut être même maladroit fait aussi son charme, il est assumé. Ce film n'a pas peur de montrer cette maladie rare en face, oubliée qui peut faire échos à nos souffrances dans notre condition humaine : la dépression , le manque de volonté, la peur de la vieillesse , l'abandon....et n'a pas peur d'en faire trop dans son coté démonstratif , je dirai même que c'est un parti pris osé. Le scénario adapté d'une histoire vraie propose une narration efficace avec la difficulté que peut avoir un médecin a bousculer l'ordre établi, surprenante par moment dans sa magie, son coté miraculeux, enchanté et désenchanté, le film s'extrait de tout manichéisme car les thématiques n'opposent pas les différents protagonistes mais leurs appose un miroir sur eux, dans leur visions cynique et désabusé que nous avons en face de la maladie, de la fatalité et du désamour dans notre volonté de vivre, plus que dans toute opposition humaine.
La réalisation est classique et sert le propos, j'apprécie particulièrement la photographie et la B.O sublime de Randy Newman.Le traitement frontal peut rebuter mais "l'eveil" apporte petit à petit de l' humour, dramaturgie très présente mais aussi légèreté dans ses moments d'eveil et dans son rapport entre les infirmier(e)s et les patients qui deviennent tous tellement beau lorsqu'ils sont épris de vie.
C'est en cela que l'éveil est à mes yeux un très grand film