Ayant noté dans un coin de caboche l'extravagance du zigoto, j'ai voulu jeter un oeil. Ces rituels sadiques -aka L'éveil de la bête- sont au final bien peu emballants.

Structuré à peu près en trois parties -découpage personnel et subjectif- le film adopte un format assez décousu. Sur les trois demi-heures du film, la dernière est extrêmement pénible : une envie pressante d'en finir m'a accompagné sans relâche.

La première partie en noir et blanc n'est qu'une longue suite de mini scketchs énumérant les différentes prises de drogues et les conséquences fantasmées sur le plan sexuel. Autant dire que tout en recourant à un exposé de plans parés d'un discours moraliste hypocrite et complaisant, le cinéaste se goberge de séquences dénudées et salaces. Cette première partie situe plus le film vers le cinéma de sexploitation ordinaire avec des effets de mise en scène faciles et répétitifs, avec un montage frénétique, rapide et une caméra désespérement fixe. Rien de bien folichon mais le pire est à venir. C'est jusque là sans grand intérêt, assez vide de sens ou de contexte, disant tout et son contraire.

On a droit ensuite à une petite partie autopromotionnelle où le cinéaste se présente et se dresse un panégyrique par le biais de ses illustres et contemporains compatriotes cinéastes. Entre narcissime et mégalomanie, son coeur balance. La séance de branlette qui peut prêter à sourire est heureusement plutôt courte.

On passe pour finir à la troisième et dernière partie. Celle-ci en couleurs est dévolue au cinéma horrifique avec la représentation des supplices infernaux. C'est coloré en effet, à outrance et bruyant. A ce titre, la musique, jusqu'à ce moment très envahissante, devient véritablement le pire des outrages. Cette dernière partie est une souffrance dans l'anus comme disent les anglo-saxons. Très difficile de sortir indemne de ces instants si douloureux qu'on en viendrait à souhaiter qu'ils soient les derniers.
Pénible, mal fait, répétitif ad nauseam, imbécile, le film jusque là encore intrigant change de rang pour aller du côté obscur du navet. Le manque de moyens ne cache plus le manque d'imagination, d'inventivité et de talent.

Je crois que je ne chercherai pas à réitérer l'expérience José Mojica Marins. Ayé, j'ai donné!
Alligator
3
Écrit par

Créée

le 23 févr. 2013

Critique lue 352 fois

1 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 352 fois

1

D'autres avis sur L'Éveil de la Bête

L'Éveil de la Bête
Alligator
3

Critique de L'Éveil de la Bête par Alligator

Ayant noté dans un coin de caboche l'extravagance du zigoto, j'ai voulu jeter un oeil. Ces rituels sadiques -aka L'éveil de la bête- sont au final bien peu emballants. Structuré à peu près en trois...

le 23 févr. 2013

1 j'aime

L'Éveil de la Bête
YgorParizel
4

Critique de L'Éveil de la Bête par Ygor Parizel

Film qui se situe entre le ciné trash de Meyer et l'expérimental de Jodorowsky. Typique de la fin des années 60 (liberté de ton, sexe et consommation de drogues, ...). Le scénario est un prétexte...

le 9 oct. 2012

L'Éveil de la Bête
Veterini
7

Critique de L'Éveil de la Bête par Veterini

C'est un peu bizarre comme film quand même. On a le droit à une heure de saynète qui serait tout à fait leur place dans Reefer Madness, du moins une version un peu trash, un peu surréalisme, un peu...

le 3 mars 2011

Du même critique

Cuisine et Dépendances
Alligator
9

Critique de Cuisine et Dépendances par Alligator

Pendant très longtemps, j'ai débordé d'enthousiasme pour ce film. J'ai toujours beaucoup d'estime pour lui. Mais je crois savoir ce qui m'a tellement plu jadis et qui, aujourd'hui, paraît un peu plus...

le 22 juin 2015

55 j'aime

3

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16