L'Éventreur de New York par Sophia
Résolument dérangeant, l'Eventreur de New York nous plonge assez loin dans la perversité humaine, le dérangeant, quelque chose de poisseux, de sale, et d'inquiétant. Dès la première scène, le réalisateur nous fait passer d'une séquence bien innocente entre un vieil homme s'amusant avec son chien à l'horreur pur et dure en un plan viscéralement bien fichu. A partir de cet instant, on va plonger de plus en plus profondément dans l'horreur. Accroche toi, spectateur, car Fulci ne fait pas les choses à moitié. S'entourant de personnages plus déviants les uns que les autres: un flic un peu laxiste qui voit une prostituée comme on verrait une compagne, l'épouse nymphomane d'un médecin, un gigolo un peu désaxé qui saute sur tout ce qui bouge, et ainsi de suite, tout le paysage urbain semble déviant, pervers, lascif.
C'est dans cette ambiance de ville de la perversité qu'un tueur à la voix de canard agit, traquant les jeunes femmes, et les massacrant en répétant un espèce de dialogue moralisateur pas vraiment compréhensible à cause de sa voix très particulière. Un tueur un peu psychopathe sur les bords, complètement dans laissé volontairement dans l'ombre (pendant une bonne partie du film on ne voit que sa main ganté tenant le couteau), que Fulci ne va cessé de jouer avec l'esprit du spectateur le laissant suspecté tour à tour un séduisant fiancé, un gigolo, et ainsi de suite. Chaque présence masculine semble menaçante dès l'instant où la terreur dû à la présence d'un tueur en série commence à agir, nous rendant tous paranoïaque jusqu'au dernier degré.
Maîtrisant son décor et son ambiance, Fulci peut alors se laisser aller à ce qu'il préfère: le gore. Entre les scènes d'égorgement, de coups de couteau déchirant un corps en deux, de rasoir déchiquetant un téton ou un globe occulaire, le maestro italien nous prouve une nouvelle fois qu'il suffit de savoir maîtriser sa caméra, il nous offre par ailleurs une esthétisation des crimes de plus en plus forte, nous plongeant peu à peu dans un univers surréaliste qui n'est pas sans rappeler Suspiria par certains abords (la séquence en rouge et vert dans la boîte de strip, le grenier où l'héroïne se retrouve piégée) pour provoquer de la pure horreur. Là où Fulci réussit un tour de force, c'est en rendant ses scènes gores si sensuelles qu'il provoque chez le spectateur un sentiment de perversion. L'amenant dès lors à partager son univers et marcher dans les rues de ce New York déviant.