Encore une victoire de canard.
Début des années 80 : le cinéma de genre italien commence sa lente descente aux enfers. Argento signe son dernier chef-d'œuvre, le très beau Ténèbres tandis que son rival Lucio Fulci amorce son déclin avec cet Eventreur de New York, film poisseux, rageux et assez peu aimable.
Deux gialli, donc : le premier est limite post-moderne, réflexif, très personnel, tandis que le second fait habilement la transition entre le thriller à l'italienne et le pur slasher. Les deux sont très bruts de décoffrages, nihilistes, misanthropes et très violents, mais d'une violence beaucoup moins stylisée, beaucoup plus sèche et réaliste.
Si cet Eventreur de New York fait parfois peine à voir — le tueur qui charcute ses victimes en imitant la voix de Donald Duck, son improbable « mobile », la direction d'acteurs hasardeuse — il fait preuve d'un surprenant soin apporté à l'esthétique, inhabituel chez Fulci qui voulait sans doute se mesurer à ses rivaux Argento et Bava, bien mieux considérés que lui par la critique.
Le résultat, c'est une peinture saisissante et désespérée du New York interlope, de ses bars miteux, ses chambres de passe un peu glauques, de ses sex shops baignés de couleurs primaires, et de ses habitants, pervers sexuels, losers, pantins minables, et femmes perdues, condamnées à mort et brutalement exécutées par un psychopathe, dans l'indifférence générale.