Le New-York des années 70 et 80, c’était quelque chose. Lucio Fulci le savait évidemment. Tout heureux de pouvoir tourner dans les rues de la Grande Pomme, il n’y est pas allé par quatre chemins pour évoquer le New-York nocturne, celui des sex-shop, des néons rouges, des rues coupe-gorge et de ses chambres d’hôtel miteuses. Ce fantasme new-yorkais parfaitement exploré par le cinéaste italien, c’est l’atmosphère du film. Un film malsain, rempli des perversités de ses personnages et glauque comme le monde interlope qui use les trottoirs new-yorkais. Le résultat se retrouve les fesses entre le giallo et le slasher type Maniac : l’ambiance américaine et le traitement à l’Italienne avec une bonne dose d’érotisme comme souvent chez Fulci et autant de scènes gores. Le mariage n’est pas toujours heureux mais le film va au bout de sa noirceur.
On regrettera cependant que Lucio Fulci n’ait pas le talent de Dario Argento quand il s’agit de mettre en scène une mise à mort ou de faire monter la tension d’un cran. Au contraire, Fulci semble se reposer beaucoup sur son cadre urbain américain pour créer son ambiance même si certaines scènes se révèlent plutôt abouties. La partie giallo est, de toute façon, plutôt faiblarde malgré un trauma final qui vient éclaircir le récit. Pas de main gantée ou de cuir, peu de suspects, un mobile tiré par les cheveux et cette fameuse voix de canard qui dénote quand même dans l’ensemble. Du giallo, comme dans ses premières œuvres, Fulci préfère insister sur le côté sulfureux et érotique où la perversité est, chaque fois, punie du châtiment suprême. La morale est un peu courte et le résultat souvent outré.
Dommage, enfin, que plusieurs personnages manquent vraiment d’envergure, à commencer par le duo d’enquêteur, et plus précisément le spécialiste en psychologie dont les démonstrations évidentes fatiguent rapidement. Le film se tient autrement plutôt bien. S’il manque globalement de suspense pour emporter totalement le morceau, il incarne également ce giallo en fin de vie que d’autres réalisateurs ont également essayé de moderniser. Cela ne vaut pas Ténébres, mais n’est pas Dario Argento qui veut, même Lucio Fulci.