50 ans après sa sortie, ce film d'épouvante culte transpire la maitrise de Friedkin. J'ai eu la chance de pouvoir visionner ce chef-d’œuvre dans sa version cinéma que je n'avais jamais vu (reconnaissable par la VF grâce au prénom Régine et à la ref de Marlon Brando dans Sur les quais) lors d'une double programmation Friedkin à l'antenne d'ARTE (qui prétendait avant de lancer le film la version Director's Cut, ce qui est faux) le 8 juillet 2024. Le scénario (adapté du roman éponyme de William Peter Blatty que je n'ai toujours pas lu) embarque le spectateur par l'intelligente intrusion du fantastique dans le quotidien d'une famille paisible dont une possession soudaine va la tourmenter et par extension son entourage également. L'écriture des personnages est aussi très riche (le père Karras en deuil et crise de foi, la fillette en pleine mutation, la mère désespéré, l'enquêteur, le père Merrin aux expériences riches). L'esthétique documentaire de Friedkin (déjà visible dans French Connection) est ici au service de ce combat du Bien contre Mal éprouvant pour tous les personnages qui en souffrent. Les acteurs Linda Blair, Ellen Burstyn, Max von Sydow, Jason Miller et Lee J. Cobb inscrivent leurs prestations impériales dans le genre de l'épouvante à tout jamais. Mentionnons également les décors du film (pièces de vie, église, chambres, escaliers, université, ...) très ancrés dans le réel qui sont magnifiquement iconisés (il suffit d'observer l'affiche cristallisant l'arrivée du père Merrin devant la demeure tout dans un travail de lumière). Un demi siècle plus tard, les effets spéciaux (maquillages, mannequins, cascades) de ce film sont encore terrifiants et n'ont pas à rougiri de ceux de nos jours. Enfin, les musiques du film (le morceau Tubular Bells de Mike Oldfield, et les musiques préexistantes) sont instantanément cultes et contribuent à alimenter l'esthétique glaçante du long-métrage. Ce film qui a fait tremblé le Nouvel Hollywood a été nommé à dix reprises aux Oscars de 1974 et en a reçu deux (meilleur son et scénario adapté).
En somme un film d'horreur au panache qu'aucune suite ou film d'exploitation dérivé ne pourra jamais égaler.