Marais et femme
Le westerns d'Indiens séminoles est un sous-sous-sous genre en soi, dont la particularité est de se dérouler en Floride. Et au niveau de la nature (marais, palmiers, lianes), ça change du tout au ...
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L’Expédition du Fort King est une excellente découverte. Aux vues des notes sur le site (une moyenne pas terrible de 5,9 [certes avec moins de 80 notes]), je ne m’attendais pas à si bien, j’ai été agréablement surpris !
Réalisé par Budd Boetticher, il s’agit d’un des cinq films du réalisateur sortis cette année-là, en 1953 (avec La Cité sous la mer, À l'est de Sumatra, Révolte au Mexique, et Le Déserteur de Fort Alamo). C’est peu dire que Budd Boetticher est un réalisateur prolifique !
Aujourd’hui peu connu du grand public (moins que John Ford, Don Siegel et compagnie en tout cas !), le bonhomme a réalisé une flopée de westerns, dont certains de très bonne qualité (je recommande chaleureusement Sept hommes à abattre, sorti trois ans plus tard).
L’Expédition de Fort King est donc un western de très bonne facture. Rien d’extraordinaire, que ce soit dans le scénario ou la mise-en-scène, mais un excellent moment pour tous les aficionados du genre, plein de rebondissements et d’action. En tout cas, je n’ai pas boudé mon plaisir !
Pour introduire son récit, Boetticher utilise une méthode déjà bien éculée, mais qui fonctionne toujours : un récit enchâssé en flashback et conté par l’un des protagonistes. Le narrateur est ici le Lieutenant Lance Cadwell, qui comparait en Cour martiale à la suite d’accusations de meurtre et de traîtrise. Il encourt la peine de mort pour avoir pactisé avec l’ennemi, les Indiens Peaux-Rouges.
Un carton introductif explique que l’action se déroule en 1835, et qu’il s’agit d’une histoire vraie.
Nous sommes donc en Floride, terre d’origine du Lieutenant, qui est appelé par le Commandant de la garnison du Fort King pour sa connaissance de la région – marécageuse – et des coutumes de la tribu indienne des Séminoles. Lance Cadwell rentre donc, après 5 ans à l’Académie militaire, sur sa terre natale.
Progressivement, il découvre que son ami d’enfance, John, est devenu le chef des Indiens, et que la femme qu’il aime et qu’il a quitté il y a cinq ans, Revere, est aujourd’hui son amante.
Il découvre également que la tribu des Séminoles, autrefois pacifique, est aujourd’hui en conflit avec la garnison.
L’une des grandes qualités de Budd Boetticher, qu’on retrouve dans tous ses films, est la maîtrise avec laquelle il dresse le cadre de ses intrigues. Toujours avec concision et précision (quasiment tous ses films font moins d’1h30).
Ici, seules quelques scènes suffisent à dresser le tableau de la situation : d’un côté les Tuniques Bleues, aux ordres de l’autoritaire Major Degan, chargées de chasser les indiens de leurs terres, de les repousser dans les réserves de l’Ouest, afin de transformer la Floride en grenier agricole de l’Amérique. De l’autre, les Séminoles, contraints de prendre les armes – pour une fois, les Indiens ne sont pas cantonnés au rôle de simples « méchants », mais plutôt de victimes du gouvernement et de l’armée – pour défendre leurs terres. Au milieu de tout cela, un triangle amoureux, et l’inévitable confrontation entre deux copains d’enfance, que la politique dresse l’un contre l’autre.
Dans L’Expédition du Fort King, l’une des premières choses qui surprend, c’est la nature du terrain où se déroule l’action. Exit les grandes plaines de l’Ouest, l’aridité du désert et les rues en terre battue propices aux gunfights. A Fort King, c’est la jungle qui prend à la gorge quiconque s’y aventure. Lianes, palmiers, dangereux marais, sables mouvants et créatures dangereuses (le film utilise plusieurs images de stock de la faune locale, des plans de condors ou de crocodiles, qui sont d’une qualité bien inférieure à celle des autres plans) : on se croirait presque en pleine Amazonie !
Voilà un excellent western qui, bien qu’avec une histoire assez classique, nous invite à troquer le sombrero de Tombstone pour les bottes et l’imperméable des marécages.
Parfaitement interprété, avec notamment Rock Hudson dans le rôle principal – grand habitué des westerns bien qu’il n’ait collaboré avec Boetticher que sur deux films, celui-ci et Le traître du Texas –, parfaitement maîtrisé dans sa mise-en-scène toujours très efficace, on ne s’ennuie pas une seconde !
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs westerns, Les meilleurs films de 1953 et Et s'il ne fallait en garder que... 50 films pour la décennie 1950 - Mes Immanquables
Créée
le 2 mars 2021
Critique lue 170 fois
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