Cher abonné,
Afin de témoigner de toute la souffrance et l'ennui que j'ai pu ressentir devant L'Expérience Interdite : Flatliners, j'aurais pu te servir en mode rengaine un exercice de style finalement assez vain, en alternant l'extra et l'intradiégétique (coucou Fren' !), en me mettant une fois de plus en scène, pris de convulsions dues à un cancer foudroyant du remake devant des médecins urgentistes impuissants, ou encore déployer le sempiternel dialogue face à un interlocuteur fictif...
Encore faudrait-il que le jeu en vaille la chandelle et apporte un éclairage un peu neuf sur l'oeuvre. Sauf que Flatliners s'avère être le genre de film qui ne mérite même pas que l'on se montre un tant soit peu original, même pour le descendre en flammes.
Je vais donc me montrer aussi bête et méchant que lui. Et puis, je suis fatigué, moi. Et I've got the blouse... Blanche.
Parce que le seul et unique mérite de cette Expérience Interdite new look, c'est de faire comprendre assez rapidement à son spectateur, qui est sans doute venu pour Ellen Page ou Nina Dobrev, qu'il vient de se faire enfler de cinq euros cinquante en tarif réduit. Tout d'abord par la photographie aussi chargée qu'un plat préparé sans goût de chez Weight Watchers, morne et totalement dépersonnalisée, confinant à l'anonyme le plus désolant et froid. Parce que la réalisation du truc a autant de relief que l'électro-encéphalogramme plat d'un comateux. C'est dire l'importance des séquelles et le non retour dans les symptômes de la maladie...
Ainsi, passée une première tentative de near death experience à peine graphique, celui qui a payé sa place sombrera dans une léthargie réparatrice pour son sens critique déjà bien sollicité, tant ce qui évolue à l'écran apparaît dérisoire, entre la parodie de La Clinique de la Forêt Noire exécutée par Les Inconnus et un épisode lambda de Grey's Anatomy où tout le monde se confesse avant de se sauter dessus pour baiser comme des castors. Youpi. Jusqu'à ce que le film s'aventure à singer le concept du sympathique Limitless, ici réduit à sa plus simple expression : faire la kéké en salle de diagnostic devant un Gregory House amorphe, jouer du piano ou remettre à l'endroit un rubik's cube en cinq manoeuvres...
Manque de bol, sur Youtube, cela semble être à la portée du premier venu. Sans pour autant en passer par un fastidieux scénario bien mou du genou et ripoliné selon les canons du remake SF / épouvante d'aujourd'hui, absence de la plus petite goutte de sang ou d'images ne serait-ce qu'un peu dérangeantes à l'appui.
Car Flatliners ne proposera même pas le minimum syndical en terme de spectacle. Visions à l'économie et à la ramasse, jump scares terriblement nuls, suspense à base de rideaux de douche et de couvertures qui bougent... Le frisson est géré par Niels Arden Oplev en mode encore plus low cost qu'une Dacia de contrefaçon assemblée en Roumanie par des ouvriers manchots. Le genre de spectacle qui angoissera le seul spectateur qui n'aura pas réussi à finir la lecture d'un livre de la Bibliothèque Rose sans se faire pipi dessus. C'est dire l'ampleur du désastre. On nous ressortira même le coup bien rance de la gamine morte qui roule du cul sur un parking avant de disparaître...
Si la totalité du cast s'avère être à la quasi ramasse, Ellen Page, prise sans doute d'un éclair de lucidité fugace, décidera de crever à mi-parcours, tandis que le sympathique Diego Luna n'aura jamais aussi bien joué de sa vie l'étonnement de la loutre morte lobotomisée après avoir fait connaissance avec le poinçon pneumatique d'un abattoir fermé pour cause d'hygiène.
Mais le plus révoltant, dans cette histoire, si vous voulez mon avis, c'est ce simplisme désolant de la résolution de cette malédiction, basée sur une culpabilité et des traumas des plus nouilles, voire totalement crétins. Et mettant en scène une bonne morale proprement gerbante de celles derrière lesquelles un gamin de cinq ans se serait caché pour se dédouaner de ses bêtises les plus graves. Comme si de simples excuses présentées pouvaient laver les vies brisées...
De dérisoire, Flatliners bascule dans le désolant et le consternant. Au point de prétendre à l'étron d'or 2017 du pire remake d'un classique, comme Blair Witch avant lui pas plus tard que l'année dernière.
Les studios n'apprendront donc jamais que braconner dans les cimetières est criminalisé.
Cadavres exquis ? Viande avariée plutôt...
Behind_the_Mask, en pleine N.D.E. (Near Daube Experience).