Occupe une place de choix dans cette nouvelle vague de l'animation russe avant-gardiste initiée à l'ère khrouchtchevienne. Celle-ci retrouve l'usage de la caricature grotesque délaissée depuis les années 30 pour s'aligner exclusivement sur le style enfantin de Disney, tant d'un point de vue de la rondeur graphique qu'au niveau du mode de production standardisé en ateliers spécialisés, à la chaine. Dénonciation très symbolique de la place accordée à l'artiste sous l'oppression du régime communiste, dissimulée sous les traits du Diable Jaune capitaliste au chapeau melon magrittien, le film décrit synthétiquement le triomphe de l'art et du progrès, le triomphe du Beau sur les ténèbres. Très belle scène chagallienne où le peuple triomphe de la pesanteur, pour s'envoler emportée par la musique. Elan de liberté qui sera réprimé mais dont l'émotion ne quittera plus les esprits de la population. Cette force aura raison du tyran.