L'Héritage (L'eredità Ferramonti) est un drame sur la cupidité franco-italien réalisé par Mauro Bolognini, écrit par Ugo Pirro, Sergio Bazzini et Roberto Bigazzi, d'après le roman éponyme de Gaetano Carlo Chelli sur des conseils de Pier Paolo Pasolini (1922-1975)... Une œuvre sombre et vénale qui met en scéne les enfants d'un boulanger aigri... Gregorio Ferramonti (joué par Anthony Quinn... doublé en Italien par sa propre voix) devenu un riche usurier... parmi lesquels... il y a tout d'abord Pippo Ferramonti (l'ainé) un homme faible qui se lance sans succès dans un négoce de quincaillerie... jusqu'au jour ou il se marie avec la superbe et calculatrice Irène Carelli (jouée par Dominique Sanda... Prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes 1976) la fille des propriétaires du fond de commerce de Pippo... Ensuite il y a Mario Ferramonti (joué par Fabio Testi) un spéculateur maladroit, couvert de dettes de jeux, qui collectionne les maîtresses parmi lesquelles il y a la belle et riche Flaviana Barbati (jouée par Rossella Rusconi... Vue dans L'affaire Mori (Il prefetto di ferro) ou elle joue l'épouse du préfet Mori) et Irène Carelli l'épouse de son frère... Puis Téta Ferramonti (jouée par Adriana Asti) devenu l'épouse de Paolo Furlin (joué par Paolo Bonacelli) un très ambitieux haut fonctionnaire du Ministère des Travaux Publics qui envisage d'etre député...
Sur une très belle musique composée par Ennio Morricone et une très belle direction artistique de Luigi Scaccionoce... le cinéaste Mauro Bolognini signe une œuvre terriblement vénale et immorale... dont l'action se passe à Rome, en 1880, soit dix après son rattachement a l'Italie (avant Rome était la capitale des États pontificaux) ou évolue sur des très beaux mouvement de camera (la photographie : est d'Ennio Guarnieri) et de cadrage (réalisé par le cinéaste) une faune cupide personnalisé par Dominique Sanda qui est belle a damnée dans ce role de garce calculatrice qui séduit toute une famille pour avoir un héritage... le toujours excellent Anthony Quinn qui joue un homme méprisant qui rejette ses trois enfants... Fabio Testi dans le role d'un beau ténébreux... Adriana Asti et Paolo Bonacelli qui jouent un couple faussement veule et ambitieux... et le pauvre Luigi Proietti sublime en cocu magnifique médiocre... Sans atteindre la magnificence d'une mise en scéne d'un Luchino Visconti qui avait réalisé a cette période Violence et Passion et L'Innocent (L'Innocente)... Mauro Bolognini signe quinze après La Viaccia (un film qui traite d'un sujet similaire), un beau film esthète et âpre qui parle d'une Italie en pleine mutation qui se situe dans une Rome fraîchement promue capitale du pays au sein de la grande bourgeoisie... en adaptant le roman de Gaetano Carlo Chelli (sur les conseils de Pasolini)... Enfin bref, un grand film luxueux, vénal et sombre porté par une magnifique Dominique Sanda parfaite en arriviste machiavélique... a (re) découvrir absolument.