En un scène abrupte et puissante tenant lieu de préambule, Mauro Bolognini expose la violente discorde dans la famille Ferramonti, le mépris insultant du père, riche marchand de farine, à l'endroit de ses enfants qu'il déshérite sur le champ, la haine qu'il reçoit en retour. On ne connaitra pas dans le détail l'historique et les germes d'une si féroce désunion mais on peut soupçonner une commune cupidité, avec l'héritage du patriarche en jeu.
Bolognini réalise une oeuvre éminemment romanesque, avatar balzacien ayant pour cadre et pour sujets une médiocre bourgeoisie romaine de la fin du 19ème siècle. Sur un mode volontiers esthétisant -décors, costumes et surtout belles images volées dont le cinéaste est coutumier- Bolognini cultive les thèmes élémentaires d'un certain genre littéraire: les affaires de famille riche, l'argent, la trahison ou encore la passion charnelle. Cette façon reste à la superficie des personnages et du sujet et limite l'intérêt qu'on peut prendre aux turpitudes des Ferramonti.
Toutefois, les manoeuvres pour capter l'héritage du vieux chef de famille et cette ambition du roturier qui veut s'élever constituent une intrigue à laquelle Dominique Sanda, d'une beauté fascinante, donne une dimension machiavélique. Son personnage de bru angélique est la figure centrale de ce drame bourgeois qui progresse désormais suivant ses manipulations et son projet sournois Elle est telle une mante religieuse et c'est un rôle envoutant pour Dominique Sanda.