Tel père, tel fils

Il est une chose de particulièrement triste et désespérante : s'intéresser à la courte carrière de Brandon Lee en connaissant le talent naturel de l'acteur. Autre que le fils de Bruce, Brandon, c'était surtout sa prestation dans The Crow, tellement mythique qu'il a marqué le personnage au fer rouge. Depuis, qui s'y frotte s'y pique. Allez demander à Vincent Perez, Edward Furlong, Luke Evans et Jason Momoa... Nul doute qu'ils vous répondront avec amertume.

Le problème avec cet acteur, c'est qu'il a commencé par des films très primaires. Dans l'ombre de son père, on ne lui proposait que des rôles de héros chinois amateur de kung-fu ( parce qu'il est chinois, il doit forcément pratiquer le kungf-u ). En témoigne le titre et l'affiche même du film; voir Bruce Lee dans l'ombre sur la jaquette d'un film ayant pour titre L'Héritier de la violence, ça pause les bases de ce qu'était la réputation de l'acteur.

Voir un remake de la scène de baston de rue présente dans La Fureur du Dragon n'aide pas non plus pour qu'il puisse se démarquer dignement de son père. Le scénario basique et stéréotypé n'est pas non plus le meilleur moyen de marquer les esprits : commun au genre, il n'apporte rien de neuf dans le paysage vieillissant des films d'action et de kung-fu, ne se privant jamais de prendre à droite et à gauche.

Conglomérat de tout un tas d'autres films plus marquants que celui ci, L'Héritier de la violence n'en demeure pas moins un bon film du genre, correct à plus d'un titre et très divertissant. Très maladroit dans son écriture, il peine à instaurer des personnages correctement développés et des dialogues crédibles; rigides et stéréotypés, ils manquent de réalisme et de fluidité.

C'est au final très cliché, mais le cachet du film est là : aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est ce côté grosse série b ( avec tous les abus que cela entraînent ) qui le rend si attachant. Sombrant volontiers dans l'action, le film nous offre des combats généreux et correctement chorégraphiés. Des combats d'ailleurs bien menés par des cascadeurs de talent ( dont un Brandon Lee qui prend peu à son père ), cela même si l'on remarquera souvent que les acteurs ne se portent pas les coups. Pour le coup, il manque une synchronisation impeccable et un soupçon de crédibilité.

Cela est surtout dû à la vision artistique bancale du film, ainsi qu'à sa mise en scène manquant cruellement de punch. Ca fait son taff, mais c'est tout : ne donnant rien de plus ou rien de moins, la réalisation de Ronny Yu n'est guère marquant. Il vous sera impossible de remémorer les plans de l'oeuvre. Dommage, puisque le film promettait : Brandon Lee, premier rôle principal dans un film de kung-fu. Pas forcément médiocre, L'Héritier de la violence n'en demeure pas moins un film mineur du genre. Reste l'intérêt de voir Lee dans l'un de ses rares films. Toujours bon, le pauvre homme.