Tel père, tel fils
Il est une chose de particulièrement triste et désespérante : s'intéresser à la courte carrière de Brandon Lee en connaissant le talent naturel de l'acteur. Autre que le fils de Bruce, Brandon,...
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le 4 janv. 2017
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Même si Ronny Yu est connu pour avoir mis en boite le très bon Fearless (Le Maitre D’Armes chez nous) en 2006 et surtout le génial The Bride With White Hair (1993), le reste de sa filmographie souffle quand même le chaud et le froid. On y trouve des bons films, comme par exemple The Saviour (1980) ou The Phantom Lovers (1995), des trucs bien nuls tels que Magic Warriors (1997) ou La Fiancée de Chucky (1998) et tout un tas de films juste sympathiques, qui passent bien sur le moment mais qui ne laissent pas un grand souvenir. Dans cette dernière catégorie, on va s’intéresser à Legacy of Rage, sorti chez nous sous le titre L’Héritier de la Violence, et qui a la particularité de mettre en vedette pour la (presque) première fois le regretté Brandon Lee, fils du non moins regretté Bruce Lee. Legacy of Rage n’est clairement pas un grand film, mais il vaut malgré tout le coup d’œil. Et puis, ça fait un bien fou de se replonger dans le ciné HK des années 80 !
A n’en pas douter, Ronny Yu a voulu tenter un coup avec ce film. Donner le premier rôle au fils de l’artiste martial le plus connu du monde à cette époque, en lui donnant la possibilité de montrer de quoi il est capable, il fallait oser le faire. Surtout qu’ils n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère, allant juste qu’à mettre, sur l’affiche du film, Bruce Lee en filigrane juste derrière de son fils. Avouez que c’est quand même assez putassier, mais dans le Hong Kong des années 80, on osait tout, et c’est aussi pour ça qu’on adore tant ce cinéma. Ronny va même aller jusqu’à reprendre la scène de baston dans la rue de La Fureur du Dragon, où Brandon Lee affrontera Bolo Yeung (Bloodsport, Double Impact) que son père affrontait dans Opération Dragon. Néanmoins, et alors que le rentre dedans aurait pu être bien plus violent, les hommages / références au maître du jeet kune do s’arrêtent là et Brandon Lee va pouvoir exprimer ce qu’il est lui. Ce dernier ne cherche d’ailleurs à aucun moment à faire comme son père. Bref. La première chose qu’on remarque avec Legacy of Rage, c’est qu’il y a du beau monde. Il y a donc Ronny Yu à la réalisation, mais on retrouve Clifton Ko (réalisateur de la saga des Happy Ghost ou encore des It’s a Mad, Mad, Mad World) au scénario, Meng Hoi (acteur mais aussi chorégraphe sur Righting Wrongs, Pedicab Driver ou The Blade) aux scènes d’action, Blacky Ko (acteur / réalisateur / chorégraphe / spécialiste des cascades) pour les courses poursuites, ou encore John Sham (I Love Maria, Yes Madan) à la production. Mais c’est surtout son casting qui est hallucinant, jugez par vous-même : Brandon Lee, Michael Wong, Michael Chan, Shing Fui-On, Kirk Wong, Regina Kent, Ku Feng, Jam Chung, Teddy Yip, Meng Hoi, Ng Man-Tat, Ken Lo, Blacky Ko, Clifton Ko, Ronny Yu et encore d’autres têtes connues du cinéma de Hong Kong. A croire que tous ont voulu participer à ce film qui aurait pu lancer la carrière à Hong Kong du fils de Bruce Lee. Il n’en sera d’ailleurs pas ainsi puisque Legacy of Rage est le seul film HK de Brandon qui partira par la suite aux Etats-Unis où il enchainera les séries B Laser Mission (1989), Dans les Griffes du Dragon Rouge (1991), Rapid Fire (1992), puis The Crow (1994) de Alex Proyas pendant lequel il décéda tragiquement durant le tournage. Petit ange parti trop tôt.
Mais revenons-en à Legacy of Rage. Nous sommes ici dans un pur film des années 80 comme Hong Kong en a produit des masses. Il commence par une scène bien violente, puis va partir sur quelque chose de plus léger, même si on se doute que, vu le titre et la première scène, ça devrait repartir très rapidement dans la violence. Mais le scénario va prendre un peu trop de temps pour développer ses personnages et mettre en place son intrigue. Son écriture souvent maladroite ne le fera jamais se détacher de la masse de productions du genre qui ont vu le jour à cette époque. Il va être question de trahison déboulant sur une vengeance, et vont se mélanger ici polar, drame, romance et univers carcéral. Pas de réelle surprise dans le déroulement, on est dans quelque chose de très classique avec pas mal de facilités (les méchants retrouvent toujours le héros où qu’il soit). Le personnage de Brandon Lee, très charismatique, va être confronté à son ancien meilleur ami incarné par un Michael Wong tout jeune, qui ne parlait pas encore son célèbre mélange de cantonais et d’anglais, mais qui faisait déjà le cake, interprétant à merveille un connard fini. Il est très simple de connaitre à l’avance le déroulement du scénario, mais malgré tout, Legacy of Rage n’ennuie pas car il sait distiller des petites scènes d’action et autres courses poursuites bien troussées ci et là. Il aurait été complètement lambda s’il n’y avait pas eu cette scène finale de 15 minutes virant à l’heroic bloodshed, avec des scènes vraiment impressionnantes (l’explosion du camion, le gunfight à l’élevage de poulets). Ces 15 dernières minutes ont un côté ultra jouissif, avec des cascades qui font bien mal, une mise en scène nerveuse, des plans bien sanglants et du mobilier qui explose de partout. Oui, voir un mec qui tire en sautant avec une uzi dans chaque main, le tout au ralenti, ça continue encore et toujours à être complètement jouissif. Malgré la relative linéarité et l’absence d’originalité de la première heure, force est de constater que ce final vient relever le niveau de bien belle manière.
Unique incursion de Brandon Lee dans le cinéma de Hong Kong, Legacy of Rage est une agréable petite série B d’exploitation très typé 80’s. Même s’il y a de fortes chances que la nostalgie vienne contrebalancer les défauts du film, on passe un sympathique moment.
Critique originale avec images et anecdotes : ICI
Créée
le 17 sept. 2020
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L'Héritier de la Violence c'est le premier film du regretté Brandon Lee (Rapid Fire, The Crow), qui était encore loin de s'être fait un prénom et empruntait beaucoup des expressions de son illustre...
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le 17 juin 2015
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...et son seul film de Hong kong (les autres qu'il fera par la suite seront des production américaines). Réalisé en 1986 par Ronny yu ( qui fera "la fiancée de chucky" ) , on peut dire sans problème...
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le 22 nov. 2013
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