Allez, pour une fois que je vais voir autre chose qu'un blockbuster, faut le saluer...
Il n'empêche que sans la présence de la youtubeuse Adèle Castillon au casting, dont il m'arrive de suivre l'actualité, je n'aurai pas essayé de trouver un quelconque intérêt au film. L'affiche était intrigante certes, mais cela aurait-il suffit pour me faire déplacer dans les salles obscures après un début d'hiver déjà bien chargé?
Le film est oppressant (vous remarquerez l'absence de transition, c'est pour coller à l'oeuvre). Très oppressant même, avec une atmosphère extrêmement pesante du début à la fin. Et c'est loin d'être un défaut. Après Heathers (auquel je fais référence bien trop souvent) et Morse, je vais finir par me demander si j'éprouverai pas une attirance pour ce genre d'ambiance lourde, avec un suspens énorme puisqu'on ne sait pas à quoi s'attendre. Un suicide? (le film part de cette base pour rappel) Un meurtre? Une descente aux enfers?
La tension est présente dès le début avec la scène d'introduction, dans une classe visiblement frappée par la chute soudaine du début de l'été (j'aurai préféré le voir en été du coup) et l'instant d'après, par la chute soudaine du professeur.
Le film ne repose cependant pas uniquement sur son univers inquiétant. On pourra aussi compter sur la description désabusée de l'univers scolaire privé, avec un directeur de lycée d'élite qui s'intéresse beaucoup plus aux notes qu'à ceux qui les obtiennent (c'est fou comme je me suis souvenu de mes années passées dans un lycée d'élite un peu bourge du coup). L'occasion de montrer des scènes juste en matière de description réaliste et de jeu d'acteur. La violence dont peut alors faire preuve le personnage principal (joué par Laurent Lafitte) en tant que professeur reste le seul point peu crédible à mes yeux, mais c'est là un détail.
Les élèves intellectuellement précoces sont insupportables pour la moitié d'entre eux, et effacés pour l'autre moitié. Ce qui reflète peut-être assez bien cette situation méconnue en établissement scolaire. Insupportables, mais pas pour autant chiants à voir. Au contraire, c'est l'occasion pour le film de faire dans l'humour un peu cynique, avec une première de la classe capable de songer aux pires manipulations pour arriver à ses fins. Le jeu d'acteur de chacun est très bien dosé; chaque ado possède une personnalité et une approche assez différente par rapport aux événements et à l'arrivée du nouveau professeur.
Le mystère plane du début à la fin, et le film aura beau être généreux en termes d'indices, via une communication indirecte entre les élèves et le prof qui laisse supposer tout et son contraire, on reste quand même sur le cul pour les deux scènes finales. Dans une montée en tension perceptible et renforcée par la présence en guise de lumière de lampes torches et de feux de voitures, le film nous accroche à notre siège.
N'oublions pas non plus de citer la musique, très présente. Mâtinée de synthwave (J'ai l'impression de radoter à force de l'évoquer partout), la bande-son du groupe Zombie Zombie (qui me tarde d'aller découvrir) est très réussie, participant assurément à la pression que nous envoie l'heure de la sortie en plein visage.
Si on éclipse le côté film dépressif franchouillard qui ressort par moment, avec une sur-présence de la clope et des discussions existentielles entre potes, on trouve peu de vrais défauts au film. Le message un peu moraliste disséminé ici et là est plutôt subtil dans sa globalité, bien que certaines scènes peu soutenables ne fassent pas dans la dentelle. Cela, jusqu'à la dernière scène, où les événements prennent une tournure peut-être un peu trop radicale. Enfin, déjà mentionné au début, je ne suis pas un grand amateur des transitions brusques, et après avoir vu Diabolo menthe qui en utilise beaucoup l'année dernière, je vais finir par croire que c'est propre aux films français qui se passent dans les collèges...
L'heure de la sortie, film de genre? Je ne m'y connais pas assez, mais on frôle parfois le film d'épouvante. Thriller psychologique qui induit sans cesse le spectateur sur des fausses pistes, on est perdu du début à la fin dans ce voyage oppressif.