Les "oui, mais" ou synonymes de cette formule seront utilisés à moult reprises dans ce qui va suivre. Ils sont révélateurs d'un état d'esprit, celui qui fait dire à de trop nombreux spectateurs que "le cinéma français se meurt" et à qui, je conseille fortement ce long-métrage de Sébastien Marnier.
Oui, on se rend compte à la fin du film que le mot d'ordre n'est pas la subtilité mais qu'est-ce ça peut être rafraîchissant !
Une proposition qui m'a plut et qui, à la lumière d'une réalisation élégante, d'acteurs efficaces et d'un scénario... arf non, le scénario est assez prévisible. Oui, mais non. Je n'en ai que faire, car je me suis laissé porter par un film aux allures fantastiques.
Un conte dystopique aux reliefs kafkaïen ? Un thriller fantastique ? J'y ai vu tout cela, mais pas que.
Une inquiétante étrangeté. Un film qui a su me capter et me malmener. Voilà ce qu'est l'Heure de la sortie
Ces enfants n'ont pas de parents. En tout cas, on ne les voit jamais. C'est une très bonne idée. Peut-être sont-ils trop occupés par leurs affaires, peut-être préparent-ils le monde de demain, de la mort et de l'autodestruction. On ne sait pas.
Les principaux adultes référents sont donc des enseignants. C'est malin. Et paradoxalement, ça rend le personnage principal très seul.
Saluons pas ailleurs la performance de Laurent Lafitte qui, je vais faire un aparté sur cet acteur.
Chaque film dans lequel son talent peut s'exprimer me prouve à quel point son jeu peut faire basculer un film.
La puissance de son regard, la justesse des nuances qu'il parvient à exprimer me font dire que, ce Laurent Lafitte est décidément très, très fort.
Ici, le pari est tenu, et j'apprécie ce choix, pour le rôle principal.
Si ce film peut s'avérer, aux regards de certains prévisible, ridicule, d'un militantisme écœurant... En ce qui me concerne, j'estime que la manière dont le film distille son message est... très peu subtile certes, mais efficace.
Car si ce l'existence même de ce film, fini, peut permettre de clouer le bec des charognards qui aiment se délecter de la décrépitude du cinéma français, ce sera déjà une petite victoire.
Évidemment, il n'y aura nulle place pour ce genre d'œuvre dans les cérémonies traditionnelles ampoulées qui se complaisent dans l'auto fellation, mais est-ce bien grave ?
Ce film est par essence, en marge, par son discours et sa volonté de plonger en apnée un spectateur dont les sens seront mis à rude épreuve, dont la conscience sera mise à rude épreuve.
8, faits/10