Postulat risqué que de dire que l’intelligence ouvre la porte aux plus tristes découvertes. C’est pourtant par l’étude de leur propre univers qu’un groupe de troisième surdoué en arrive à la conclusion que la pulsion de mort énoncée par Freud est la cause des dysfonctionnements environnementaux.
L’homme serait une créature attirée inévitablement par la mort comme un papillon par la lumière. Freud théorisait que cette pulsion pouvait soit être intériorisée et de ce fait devenir la source de nombreuses névroses, soit être mutée en désir sexuel ou soit être extériorisée par le biais d’une violence physique.
Par leur éducation et le fardeau de leur intelligence, les élèves de Saint-Joseph ont compris que la raison pour laquelle l’Homme peine tant à diminuer son impact nocif sur la Terre est son désir intrinsèque de détruire. La solution environnementale, de ce point de vue aussi cynique que terrifiant, ne serait qu’une grande utopie et l’apocalypse, un évènement proche.
Cette seule solution attestée, il ne reste plus à ces élèves que de se préparer à cette fin. Bastons, étranglements, noyade, suicide collectif : dans un monde ou l’Homme est dirigé tacitement par le désir de destruction, l’expression graduelle de la violence par le groupe d’élèves devient un acte de résistance, leurs cassettes un plaidoyer sur l’humanité.
Le fait que le professeur, interprété brillamment par Laurent Lafitte, fasse une thèse sur Franz Kafka n’est pas anodin. En effet, l’un des thèmes récurrents de l’œuvre de l’auteur pragois est l’aliénation. L’environnement autour de l’institut semble aliéné de toutes parts : soit par l’intelligence des ados soit par la bêtise des Hommes qui ne savent pas quelles forces les meuvent. La seule personne qui semble étranger à cette dualité est le professeur, être expérimental qui navigue entre les deux aliénations ne sachant ni comment se positionner ni comment terminer sa thèse.
Les adolescents, ayant assisté à la mise en échec de leur projet de martyrs par le professeur, perdent espoir dans la délivrance de leur triste message et ne peuvent que patiemment attendre et assister à l’évènement funeste, apaisés et terrifiés, serrant la main du dernier espoir de l’humanité : l’Homme convaincu.