L'heure de la sortie est le premier film que je vois de Sébastien Marnier. Cela fait un moment que j'en avais entendu parler et, sans en savoir grand chose, il m'intriguait. Finalement, je dois reconnaitre malgré quelques réserves que ce film est intéressant.
La première chose qui saute aux yeux lors du visionnage est l'ambiance. Comme attendu, l'arrivée de Laurent Lafitte dans ce collège privé de campagne se fait dans la tension puis l'angoisse. D'ailleurs, l'étrangeté et l'angoisse commencent avant même son entré à l'écran, avec la scène d'introduction qui ne met pas à l'aise.
Mais c'est aussi là, dans le point le plus intéressant du film à mon sens, que réside l'un de ses plus gros point faible. Clairement, la classe de surdoués, surtout les 6 élèves problématiques, les autres professeurs qui ne sont pas tous nets et le soleil pale mais écrasant suffisaient à créer un sentiment d'étouffement et de tension. Or, le film se sent obligé d'insister dessus avec des procédés que l'on a déjà vu à de nombreuses reprises. Que ce soit la musique, pourtant excellente dans son genre, mais usant de sons stridents, les scènes hallucinées avec des enfants muets et quasi-fantomatiques, les insectes et l'eau sale, on en rajoute beaucoup sur le sujet.
Certes, il y a la référence pertinente à Kafka. Mais sa citation dans l'un des dialogues, ainsi que l'apparition et la survie de cafard non-halluciné n'étaient-elles pas suffisant ? Devions nous rajouter les hallucinations de cafards ?
J'ai bien aimé la musique, mais, pour prendre en exemple la scène d'introduction, la tentative de suicide d'un prof en pleine interrogation, puis le regard imperturbable d'une partie de ses élèves n'étaient-ils pas suffisamment dérangeants ? Devions-nous rajouter une musique aigüe par-dessus ? Plus tard dans le film, le son de l'alarme anti-terroriste ou la sonnerie de téléphone du personnage principal remplissait déjà le quota de sons de ce genre.
A mon sens, le réalisateur ne fait pas suffisamment confiance aux éléments matériels de son film pour créer une inquiétante étrangeté, pour reprendre l'expression consacrée. Pourtant, Sébastien Marnier reprend avec intelligences des éléments du réel pour créer des situations mettant le personnage de Lafitte en difficulté. Je donnerai un exemple avec la scène d'alarme. Le professeur n'a pas été prévenu à l'avance de la marche à suivre, ce qui n'est pas surprenant puisque l'on a pu constater que le directeur n'a pas l'air intéressé par autre chose que la réputation de son collège, et ce sont les élèves qui ont la connaissance de la procédure. Il y a un renversement direct du rapport d'autorité entre le professeur et sa classe. D'ailleurs, l'acteur pour jouer le directeur est bien trouvé, avec sa voix trop douce pour être sincère. C'est un bel exemple de fait matériel pris en tant que tel et se suffisant.
J'ai également beaucoup apprécié la décision de situer l'action dans un lieu à l'apparence idyllique, avec son collège magnifique, sa forêt que l'on peut traverser à vélo pour s'y rendre, le lac splendide dans lequel on a envie de se baigner. Pourtant, c'est bien dans ce lieu semblant avoir toutes les qualités que va surgir l'angoisse, voir l'horreur. N'est-ce pas d'ailleurs conscient que de montrer un paradis terrestre contaminé par quelque chose ?
Pour être complet sur le sujet de ce film, il faut aussi aborder le sujet exprimé ici. Au fur et à mesure de l'intrigue, il devient de plus en plu prégnant. Il s'introduit d'abord par l'apparition d'éléments immédiatement reconnaissables. Les cheminées d'une centrale nucléaire visibles depuis le lac ainsi que la carrière préfigurent déjà la thématique écologique. Ce thème se mêle à celui de l'a fracture générationnelle lorsque l'on découvre le contenu des CD.